Les Maraudeurs R.P.G
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    It's up to you ~ Caïus Mulciber

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    It's up to you ~  Caïus Mulciber  Empty It's up to you ~ Caïus Mulciber

    Message  Charlotte A. de Louvière Mar 16 Juil - 1:29


    - Un Whisky, réclama sèchement l’homme.

    Je levai les yeux vers lui d’un air peu aimable, continuant à laver le verre que j’avais entre les mains. Lentement, il comprit le silence lourd de sens qui lui était adressé suite à sa demande. Je cru presque voir un léger rougissement sur ses grosses joues rebondies. C’était un vieil homme qui avait l’habitude de venir s’assoir au bar tous les soirs à vingt-deux heures précises. J’aurais pu reconnaître son petit corps trapu et son crâne dégarnis entre milles. Sans oublier son odeur : avant même d’entrer dans le bar, il sentait déjà l’alcool à plein nez. Ici, ils appelaient cela un habitué. Moi, un ivrogne. Et j’étais passée experte en la matière…
    Le moldu se renfrogna un petit peu, en ouvrant ses petits yeux ronds un peu plus grand.

    - S’il vous plait M’dame, ajouta-t-il.
    - J’ai l’air d’être mariée ?!
    - Non.
    - Alors m’appelez pas « M’dame »
    , tranchai-je.

    Il acquiesça, docile. Les ivrognes n’étaient jamais méchants bien longtemps, surtout si on leur montrait qu’on avait plus de caractère qu’eux. Au bar, il fallait directement se faire respecter avant de se faire martyriser par les ivrognes du coin. J’avais une sainte horreur de leur haleine alcoolisée, de leurs vêtements dépareillés et de leurs barbes de deux semaines. C’était à peine s’ils se distinguaient des gens qui dormaient dans la rue, sans maison ni famille. Les ivrognes, c’était souvent ça : ils en oubliaient leurs maisons et leurs femmes, leurs enfants. La seule chose qui importait était la prochaine bouteille qu’ils entameraient. Ce qui m’était insupportable en réalité était la pitié évidente qu’on leur adressait sans cesse. Pour ma part, la pitié n’existait pas à leur égard, quand bien même leurs vies étaient difficiles…
    Mais mon jugement ne pouvait guère être très objectif.
    Chacun d’eux me rappelait mon père.

    Je terminai de sécher les verres disposés sur le comptoir devant moi, et sans me presser – les grammes d’alcool qu’il avait déjà dans le sang suffiraient à le faire patienter au moins quelques minutes – et lui servis enfin le verre tant attendu de whisky sans glace, comme il prenait toujours. J’avais entrepris de ranger les bouteilles de bières quand Sam passa derrière moi.

    - Charlie, c’est à toi dans dix minutes.

    Je soupirai et levai les yeux vers la petite scène qui surplombait la salle. Il y avait un piano sur lequel jouait Michael, un moldu payé pour distraire les clients tout au long de la soirée. Lui, ne s’arrêtait jamais – ou presque. Moi, je jonglais entre le service et les petites représentations. Généralement, je chantais quatre ou cinq fois par soir – le pianiste me donnait une liste de chansons à apprendre pour le lendemain et je passais sur scène plusieurs fois, parfois en supplément.
    Je regardai Sam s’éloigner vers les clients assis dans la salle. Il était l’un des plus gentils serveurs du bar, et gérait également les divertissements. Notre temps sur scène, à moi et Michael et puis il approuvait la liste de chansons également.
    Avant de me préparer, je pris quelques commandes et terminai de servir les clients au bar. Je disparus ensuite par une porte de derrière donnant accès au vestiaire du personnel. Mon patron, Mr. Robertson – être absolument ignoble et repoussant aux mains baladeuses – souhaitait toujours me voir habillée élégamment pour chanter. Il ne supportait pas l’idée de nous voir – moi ou Michael – monter sur scène habillés avec l’uniforme vert et blanc – immonde, soit dit en passant – du bar. Croyez-moi, la seule fois où j’avais osé désobéir avait suscité une vive réaction de sa part.

    Par conséquent, je me devais de revêtir la robe rouge longue et échancrée sur le côté de ma cuisse droite pour pouvoir être « présentable » selon les critères de Mr. Robertson. Je me disais souvent qu’il s’agissait seulement d’une excuse pour pouvoir me regarder en robe – il avait vraiment les mains baladeuses…
    En face du miroir accroché au mur qui partait presque en miettes, je fixai mon étrange reflet. Tous les soirs, sans exception, je me donnais l’impression d’être une personne totalement différente dans cette robe. Comme si elle ne m’allait pas, comme si ma peau voulait la rejeter, se brûlait au contact du tissu, et puis…il y avait cette coupe aussi… la robe était décolletée, laissait apparaître une grande partie de mon dos et de ma cuisse. Sans oublier les talons hauts qui n’étaient vraiment pas mon style. Non, définitivement il me semblait avoir emprunté les affaires d’une autre et de les avoir enfilées sans me poser de questions. Ce n’était pas moi, n’est-ce pas ?
    Ou peut-être que le fait même de porter cette robe, ces chaussures, ce rouge à lèvres foncé et ses collants prouvaient le contraire. C’était bel et bien moi qui portais tout cela.

    Quelques minutes après, je me retrouvais sur scène dans cette même robe, un micro – j’avais découvert il y a des années l’usage de cet outil moldu pour amplifier la voix d’une personne, hautement contraignant selon moi – dans les mains. Le piano commença doucement alors que je m’étais placée au centre de la petite scène, admirant les diverses tables de clients dans la salle. L’éclairage faible, le bruit de fond incessant provenant des discussions multiples et du personnel qui travaillait en même temps, le lieu tout simplement faisaient partie d’un tout qui m’était familier et rassurant. Dans ce petit bar moldu, je me sentais chez moi.

    Start spreadin' the news, I'm leavin' today
    I want to be a part of it
    New York, New York

    These vagabond shoes, are longing to stray
    Right through the very heart of it
    New York, New York

    C’était toujours ainsi, les gens ne prêtaient d’abord pas vraiment attention puis au fil des paroles et de la musique, le silence se faisait – autant que possible – et ils écoutaient pour de vrai. J’aurais dû être effrayée ou intimidée d’être là devant eux, seule à chanter, comme jetée sur la scène pour qu’ils puissent mieux me juger. Mais non… j’étais bien. J’étais à la maison quand bien même je n’y connaissais pas tout le monde. Evidemment, il y avait toujours l’appréhension de faire une erreur dans les paroles, ou de trébucher, de me prendre les pieds dans ma robe mais l’expérience m’avait appris à contrôler ces angoisses.

    I want to wake up, in a city that never sleeps
    And find I'm king of the hill
    Top of the heap

    Mes yeux parcoururent la salle et tombèrent alors sur une silhouette masculine venant d’entrer dans le bar.  Je crus l’espace d’un instant apercevoir des traits familiers. J’avais l’impression d’avoir déjà vu cet homme quelque part. Quelque part…Où ? Je chantais mais ma mémoire cherchait…cherchait encore…

    These little town blues, are melting away
    I'll make a brand new start of it
    In old New York
    If I can make it there, I'll make it anywhere
    It's up to you, New York, New York

    Je suivis l’homme des yeux, analysai chacun de ses mouvements sans me préoccuper d’être remarquée ou pas. De loin, je n’arrivais pas à bien distinguer son visage mais un sentiment étrange m’avait frappé soudainement. Etait-il un sorcier ? Etait-ce lors de ces stupides soirées mondaines que je l’avais aperçu ? Etait-il un simple client ?
    Non, je l’aurais remarqué. Je l’aurais reconnu en tant que moldu. Et s’il…s’il était un sorcier ? La panique m’envahit quelque peu rien qu’à l’idée qu’il puisse être un sang-pur. Je préférais ne pas me souvenir de son visage. Non, vraiment pas. Je ne voulais pas savoir s’il représentait un risque… Après tout, personne ne devait savoir que je travaillais ici, en présence de moldus.
    Tout allait bien se passer… Il suffisait de terminer cette chanson et de descendre de scène pour pouvoir se faire plus discrète.

    New York, New York
    I want to wake up, in a city that never sleeps
    And find I'm A number one, top of the list
    King of the hill, A number one

    Mes lèvres prononçaient les mots avec douceur, sans trop forcer sur ma voix car je préférais largement chanter cette chanson avec lenteur et délicatesse. C’était une belle chanson moldue. Et si je devais envier quelque chose à leur monde, c’était bien leur fabuleuse musique. Tentant d’oublier l’inconnu qui venait d’entrer, je terminai la chanson. Je ne l’avais pas encore remarqué, plongée dans mes pensées et ma concentration, mais la salle entière s’était arrêtée de parler. Le silence s’était installé, presque solennellement. Tout à coup, l’ambiance s’était transformée. Il y avait de la tension, ou était-ce de l’émotion ?

    These little town blues, are melting away
    I'll make a brand new start of it
    In old New York
    If I can make it there, I'll make it anywhere
    It's up to you, New York, New York


    La chanson se termina sur une plus longue note, et lorsque la musique cessa et que je me tu… il y eut quelques seconds flottement. Un silence étrange, comme si personne n’osait respirer. Je n’osais moi-même pas vraiment bouger. Et ce ne fut que lorsque les applaudissements retentirent que mon corps se détendit. Je fis un léger sourire, puis descendit de scène alors que Michael prenait la relève, seul, au piano. Je pris soin de ne pas tomber avec mes talons et disparut rapidement dans les vestiaires. Une fois entrée, je fermai la porte et me collai à celle-ci. Cette soirée était de plus en plus étrange, c’était bien la première fois que les gens réagissaient ainsi. Peut-être était-ce la chanson ? En tout cas, j’étais soulagée que ce soit terminé. Je pouvais retrouver mes commandes et mes clients, sans avoir l’impression de perdre mon souffle. Car ça s’était produit : j’avais presque paniqué, mon expression restée neutre malgré tout, mais j’avais eu l’impression de me faire écraser la cage thoracique par un éléphant. Le silence m’avait déstabilisé, probablement. Ou peut-être l’homme aux traits familiers était l’une des raisons de mon trouble.

    J'enlevai rapidement ma robe, mes talons et mon rouge à lèvres et remis ma jupe verte, mon chemisier et mon tablier blancs avant de revenir derrière le bar prendre un plateau. Je commençai à servir les boissons commandées par les clients assis aux tables sans oser regarder où se trouvait l'inconnu. Je pris soin de ne regarder personne dans les yeux, luttant pour paraître naturelle.


    Charlotte A. de Louvière
    Charlotte A. de Louvière
    Ϟ Queen Of Darkness Ϟ


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    Message  Caïus Mulciber Lun 22 Juil - 22:58