Touche pas à mon corps ! [rp surprise, PV Jake et Remus]

[Evan Rosier]

Aujourd'hui est un jour normal, sauf que le professeur Slughorn a eu la bonne idée de faire des groupes de trois pour un Travaux Dirigé de Potions particulièrement inventif : la réalisation d'une potion de Troubles-Pensées. Tout allait (presque) bien jusqu'à ce qu'un de vous se trompe dans la recette... et que le chaudron n'explose.

Vous avez survécu, mais il y a un petit problème. Rien de grave, juste un effet secondaire. Qui va durer une heure... ou deux. Il semblerait que vous ayez échangé vos corps. Un vrai mic-mac, donc vous ne vous apercevez qu'une fois sorti du cours, tellement vos mains étaient recouvertes de saletés !

Pourquoi ne pouvais-je pas sécher le cours de potions aujourd’hui ? N’avais-je pas mieux à faire ? Pourquoi fallait-il que je tombe sur le cours des binômes bouseux ? Je le savais pourtant que ce cher professeur Slughorn prenait un malin plaisir de me placer avec Lupin. Il avait beau voir que notre entente ne faisait que nous détruire, il persistait. Je regardai ce vieux gryffon. Il était définitivement nul dans cette matière. Une chance que j’avais Jake avec moi. Ce serpentard n’était pas encore tout à fait au point, mais je sentais qu’on pouvait en faire quelque chose. Il suffisait qu’il se débarrasse de Dorcas, qu’il aille un peu plus dans la magie noire et c’était bon. Surtout quand parlant avec Bellatrix, j’ai cru comprendre qu’un petit plan diabolique se mettait en place. J’eus un sourire sadique alors que je touillais gentiment la potion en cours.

Je me tournai vers Remus. Il était vraiment maigrichon et maladroit celui-là. Il allait tout faire rater s’il continuait ainsi. Je lui aurais bien dit de rester assis sur le côté à ne rien faire, mais le professeur restait toujours dans le coin vérifier que tout le monde participe. Alors je devais repasser sans cesse derrière lui pour rectifier chacune de ses erreurs. Ça commençait vraiment à me casser les pieds. De la sueur vint perler sur mon front à cause du stress. Nous étions en retard dans la confection de la potion. Je ne pouvais pas rater. Je devais réussir. Je savais que les potions pouvaient être très importantes pour la suite. Une petite goutte dans un verre et le tour était joué.

Eh le bouseux, fais attention un peu ! Tu en fais de la bouillie là ! Agite plutôt…

J’attrapai le couteau qu’il tenait et le décala brusquement. Je devais encore une fois rattraper sa stupidité.  Je commençai par prendre les derniers scarabées entiers et les coupai proprement. Je faisais attention à chaque détail de découpe. Je savais contrairement à l’autre idiot que tout comptait. Une fois fini, je les plaçai sur le côté pour ensuite regarder le massacre qu’il avait créé. Je soufflai d’exaspération. Je ne pensais pas que c’était encore possible de faire pire que d’habitude, mais apparemment si. Je récupérai le plus possible de ce qu’il avait déjà détruit. Mon attention était entièrement dédiée à ce processus. J’espérai que Jake faisait gaffe aux gestes du soi-disant courageux. J’essuyai rapidement mon front trempé, déposant ma sueur sur mon tee-shirt puis repris mon couteau.

Quelques minutes plus tard, je relevai la tête ayant finalement réussi à rattraper ce qui était perdu. Je regardai où en était le reste de l’affaire. Jake semblait s’être placé maitre du binôme restant, Lupin toujours aussi perdu. Je levai les yeux au ciel. Comment fait avec un boulet pareil. Je me penchai pour voir où on en était dans la recette. Regardant la table, je pus voir qu’il manquait un ingrédient. Je me levai donc et allai vers l’armoire du professeur. Je ne fus pas très long et revins avec quelques pattes d’araignées. A peine étais-je de retour à la table que je vis qu’une erreur avait été faite. La potion bouillonnait beaucoup trop que la normale.

Qu’est-ce que vous avez fait ?

Un vacarme assourdissant vint rendre ma question inaudible. Je sentis un bon tiers de la potion me tomber dessus tandis que le chaudron partait en mille morceaux. Je me reculai d’un pas en rouvrant les yeux. Notre espace de travail avait en partie explosé avec le chaudron. Je passai une main sur mon visage pour enlever toute la saleté qui avait décidé de le coller. Une colère intense semblait vouloir faire la même chose que notre potion.

Vous êtes bons pour revenir nettoyer tout ça dans quelques heures. Et recommencer la potion bien entendu !

Le professeur Slughorn venait de faire son apparition, un regard de pitié dans les yeux. Je le fusillai du regard. Ne venions-nous pas de prouver que cette union ne fonctionnait pas ? Pourquoi s’acharner ? Je pris mon sac et sortis avec fureur de la salle. Cela ne servait à rien de rester pour l’instant. Je le balançai dans le couloir attendant les deux autres pour comprendre ce qu’il s’était passé. Dès l’instant où je vis Remus avancer vers la sortie, je sus qu’il y avait un problème. Sa démarche semblait bien trop assurée pour être la sienne. La peur de ma colère n’était pas assez présente sur son visage. Pourtant il l’avait eu pendant tout le reste du cours. Je le laissai sortir sans rien faire, sans bouger. Fronçant les sourcils, je n’arrivai pas à enlever ce doute de mon esprit. Je m’avançai donc vers lui et le plaquai contre le mur. Je sortis ma baguette et la pointai contre son cou.

Qu’est-ce que tu as fait ? Dans quelle merde tu nous as foutu ? Allez avoues le bouseux !

[Jake Winchester]

Jake s'était réveillé ce matin là de très fâcheuse humeur. En effet, il savait pertinemment que le premier cours de la journée allait être une catastrophe et connaissant son caractère, si le premier cours se passait dans la mauvaise humeur, le reste de la journée le serait également. Ses craintes liées à l'officialisation de son nouveau faux couple, l'empêcher de dormir paisiblement et le Serpentard était tout le temps sur les nerfs. Comme si cela ne suffisait pas, il devait à présent supporter trois heures sans intermittence de cours de potion. En temps normal, cela aurait réjouis le vert et argent, adorant cette matière. Toute fois, le professeur Slughorn semblait bel et bien décidé à lui pourrir toutes dernières parcelles de joies pouvant égaillé son quotidien.
En effet, ils avaient appris la veille par un simple mot sur le tableau d'affichage que le cours d'aujourd'hui serait particulier puisqu'ils auraient à réaliser une potion magique très complexe. Pour cela, ils devraient être en binôme préalablement choisis par le professeur lui même. Accompagné du mot, la liste des binômes... qui étaient en réalité composé de trois élèves par équipes.
Jake s'était donc retrouvé aux côtés d'Evan Rosier et de Remus Lupin.
Il n'était un secret pour personne que Jake détestait le rouge et or. Bien qu'il fut le moins agacent des Maraudeurs, le Serpentard était certain que ce dernier se montrait en retrait simplement pour être bien vu des professeurs. Il savait également qu'il était un ami de Dorcas et il avait remarqué que le Gryfondor cherchait à mettre son nez dans ses affaires en questionnant à plusieurs reprise la Gryfondor sur son couple. Et s'il y avait bien une chose que Jake Winchester ne supportait pas hormis qu'on lui dise quoi faire, c'était bien que l'on se mêle de ses affaires privés.
Pour ce qui été d'Evan Rosier, le Serpentard n'avait rien contre lui, bien au contraire, il avait à plusieurs reprises discuté avec lui et déjà plaisanté tard le soir en sa compagnie avant de filer au dortoir. Pourtant, depuis son annonce de faux couple, Jake essayer d'éviter au maximum les gens de sa maison. Surtout ceux qui pencher très nettement du côté de Voldemor. C'était le cas d'Evan Rosier.
Jake se sentait nerveux à l'idée de devoir passer trois heures en compagnie de ses deux là, sachant que l'un voulait à tout prix le voir se séparer de Dorcas et rejoindre son petit groupe d'amis tandis que l'autre flairait un piège et voulait apprendre la vérité ainsi que ce qu'il en était de ses petites affaires. Autant vous dire que Jake aurait largement préféré se noyer dans le lac et d'entamer une danse avec le calamar géant plutôt que de se rendre à ce cours de potion.

C'est donc d'un pas trainant que le vert et argent se rendit à son premier cours, la tête basse, s'imaginant marcher vers la potence. Il savait pourtant qu'il ne devait montrer aucune hésitation, aucun signe de faiblesse, mieux, aucune émotion. Bon, le dégoût face à Remus était toléré. Après tout, il n'allait pas non plus renier son côté Serpentard.
Jake vint donc se placer à la table de ses coéquipiers, les deux se détestant mutuellement, ils avaient naturellement laissé à Jake la place du milieu. Jake adressa un rapide signe de tête à Evan et il fixa son attention sur le gros chaudron en fonte que le professeur avait placé devant eux. Au tableau, ce dernier donné les dernières indications ainsi que la liste des ingrédients dont ils auraient besoin pour la réalisation de la potion. Un seul coup d'oeil aux instructions et on comprenait tout de suite pourquoi le professeur leurs avait demandé d'être à trois. Jamais de toute sa scolarité Jake n'avait vu de potions si compliqué. Avec un peu de chance, ils seraient si absorbés par l'élaboration de leur potion qu'aucun des deux autres ne chercheraient à se rapprocher de lui ou à lui soutirer toutes informations susceptible de révéler la vérité sur ses petites affaires.
Rapidement, les élèves autour de lui se mirent en mouvement et bientôt, les trois garçons firent de même. Chacun se vit attribué une liste de chose à faire et c'est en silence qu'ils commencèrent leur travail.
Il était clair que Remus était en mauvaise posture. Non seulement il était entouré de deux Serpentard qui le détester mais en plus, il n'était vraiment pas doué de ses deux mains.
Jake lui jeta un regard de pitié tandis qu'Evan commencer à s'énerver contre lui et à le traiter de bouseux. A son plus grand étonnement, Remus se contenta de soupirer et de suivre les indications d'Evan. Se sentait il en minorité et menacé ? Ou bien était-ce juste parce qu'il avait conscience d'être nul en potion et de devoir écouter les recommandation du Serpentard ?
Tant dis qu'Evan et Remus étaient occupés à couper les scarabées en morceaux, Jake devait se charger d'éplucher les cornes de Bodruc et ensuite de récolter à l'aide d'une pipette, douze goutte de sang de varan qu'il devait ensuite verser une à une dans le chaudron en alternant une goutte de sang avec une feuille d'ortie, jusqu'à ce que les douze ingrédients de chaque soient dans le chaudron.
Venait ensuite au tour de Rémus et d'Evan d'incorporer leurs scarabées puis de tourner une fois le mélange dans le sens des aiguilles d'une montre puis une fois dans l'autre.
Plus Remus semblait nerveux et faisait des erreurs, plus cela exaspérer Evan et le rendait agressif envers ce dernier. Bien qu'en temps normal, sa seule présence à ses côté suffisait à le rendre agressif. Jake savait à quel point le Serpentard affectionner les cours de potions et avaient besoin de bonnes notes dans cette matière, c'est pourquoi il n'était pas étonné de le voir si sérieux. Et puis, surement que le fait d'être supérieur dans cette matière face au Gryffondor devait aider.
Evan se leva afin d'aller chercher un dernier ingrédient tandis que Jake s'afférer à déposer les gouttes dans le chaudron. Alors qu'il allait déposer la dernière feuille d'ortie, il vit Remus plonger les corps coupés des scarabées.

-Crétin ! Je n'avais pas encore fini avec les feuilles d'orties ! Tu étais censé attendre avant de mettre les scarabées, t'es complètement idiot ou tu le fait exprès ?!! s'écria Jake en direction de Remus.

Le Serpentard senti une vague de chaleur monter en lui tendit qu'Evan revenait à leur poste. Une seconde lui suffit pour s'apercevoir qu'une erreur avait été commise, en effet, la potion bouillonnait bien trop fort. Alors que Jake était en train de réfléchir à un stratagème pour palier à cette erreur, un énorme bruit retentit. Il n'eu le temps de rien voir puisqu'un amas de substance verdâtre s'abatis sur lui. Par chance, le liquide n'était pas très chaud, mais l'odeur suffisait à elle même pour dégoûté tout un troupeau d'hypogriffe.

" Vous êtes bons pour revenir nettoyer tout ça dans quelques heures. Et recommencer la potion bien entendu !"

Il n'était donc pas le seul à être de mauvaise humeur vu ce que leur avait annoncé leur professeur. Revenir ? Tout recommencer ? Alors que c'était déjà suffisamment difficile de devoir subir trois heures avec ses coéquipiers ? A côté de lui Evan se leva brutalement, attrapa son sac et sorti en trombe de la classe.
Jake s'essuya les yeux du revers de sa manche qui avait été miraculeusement épargnée par explosion de la potion. Il tourna alors la tête sur sa gauche et se rendit compte qu'en fait Evan se trouvait encore dans la salle, pourtant il aurait juré que ce dernier venait de sortir et qu'il ne restait que Remus et lui. Le Serpentard secoua la tête se disant qu'il devait encore être sonné par l'explosion. Son camarade était lui aussi occupé à nettoyer son visage et ne lui adressa pas un regard.
Le Vert et argent prit donc ses affaires et sorti en vitesse, à la suite d'Evan/Remus.
Alors qu'il n'avait fait qu'un seul pas en dehors de la salle, une main vint l'attraper et le plaquer contre le mur du cachot. Sa tête heurta la parois lisse et froide de la pierre et pendant quelques instant, sa vision se fit toute noire.

"Qu’est-ce que tu as fait ? Dans quelle merde tu nous as foutu ? Allez avoues le bouseux !"

Jake secoua sa tête et fixa son assaillant. Il avait dû se cogner bien trop fort. Ce ne pouvait pas être possible. Face à lui, son propre reflet le regardait durement, serrant les dents et gardant la prise sur sa cape et l'empêchant de bouger, sa baguette pointer sur son cou.
Le Serpentard resta quelques secondes ébahit avant de se ressaisir.

" Haha... Très drôle la blague. Bravo au crétin qui s'est cru malin de me lancer un sort de confusion. Allez avoues,  tu es qui ? Si tu baisses tout doucement ta baguette et me lâche maintenant, je peux presque de promettre qu'il ne t'arriveras rien. Dans le cas contraire ... non, vraiment, il serait plus sage pour toi de la baisser maintenant. Ah et merci de ne plus jamais m'appeler " le bouseux" si tu tiens à la vie, cracha le Serpentard à son assaillant. "

[Remus Lupin]

Quelque part là-haut, quelqu’un m’en veut. Mais alors m’en veut vraiment. De toute la force de son âme. Dieu, sorcier tout puissant ou être mythique, je ne saurais vous dire qui. Néanmoins, il ou elle a juré de faire de ma vie en enfer. C’est la seule explication rationnelle à laquelle j’arrive lorsque j’essaye de prendre en compte tous les facteurs de ma vie et de leur donner un sens. Rien d’autre ne colle. A mon insu, dans cette vie ou une autre, j’ai très certainement irrité au plus haut point les entités supérieures de ce monde et, désormais, elles me le font payer au quotidien. Avec toute la puissance de leur omnipotence.

Ainsi, non contentes de m’avoir infligé le calvaire mensuel que les transformations lunaires impliquent, elles s’acharnent méthodiquement à détruire toute parcelle de normalité qui persiste à s’accrocher à ma vie. Et leur première cible a bien entendu été mon premier refuge, ma première sensation de participer à un tout  qui faisait sens : le travail scolaire. Elles ont par conséquent choisi une matière dans laquelle je suis un incapable fini, les Potions, et décidé que c’était le terrain de jeux idéal pour leurs expériences diaboliques. L’ingrédient de base leur étant déjà servi sur un plateau d’argent – mon inutilité innée – quelques petits arrangements suffisaient à faire de ces deux heures hebdomadaires un véritable enfer. Et ces arrangements prirent bien vite forme humaine, j’ai nommé Evan Rosier, Serpentard de sixième année, pétri d’idées fixes sur la pureté du sang et impatient extraordinaire. Pourquoi impatient extraordinaire ? Car, à partir du moment où la Providence s’incarnant en la figure bedonnante du professeur Slughorn décida de nous accoler ensemble pour les travaux dirigés, il décida que je ne valais rien – ce qui je lui accorde est une réalité immuable – et que, plutôt que se donner la peine de tenter de rectifier mes erreurs dans un calme relatif, il allait appliquer la méthode infaillible du « plus je crie sur mon partenaire, plus celui-ci va être efficace ». Autant vous dire que, de mon point de vue, la méthode laisse à désirer.

Pour faire simple, les premières années, agacé par sa condescendance et ma propre nullité, je m’énervais à mon tour et nos résultats en prirent un sacré coup, non pas que les miens eussent été meilleurs si j’avais été avec qui que ce soit d’autre mais Rosier le vécut mal. D’autant plus mal que Slughorn a choisi que persévérer dans l’erreur de nous accoupler en binôme finirait par nous faire voir au-delà de nos différences. Vieux fou naïf ! Tout ce qu’il a réussi c’est à créer une inimitié durable qui est sur le point d’ébullition à tout instant. A vrai dire, la seule raison pour laquelle Rosier et moi ne nous sautons pas continuellement à le gorge comme par exemple … Sirius et Rogue, c’est car en quatrième année, lors d’un cours un peu trop proche de la pleine lune, j’ai pété un câble et si James n’avait pas réalisé à temps ce qui était sur le point de se passer et m’avait emmené de force me calmer hors de la salle en expliquant à Slughorn que je me sentais mal, j’aurais probablement attaqué Rosier de toute la force de mes muscles surhumains. Avec les conséquences que l’on sait tous … Alors, depuis, je me contente de subir en silence, m’effrayant moi-même avec ce que je rêve parfois de faire au crâne de mon coéquipier lorsqu’il dépasse nos bornes habituelles. Je suis d’ailleurs convaincu qu’il pense que c’est de lui que j’ai peur, si seulement il savait… Ce qui me terrifie c’est d’être expulsé, voire pire exécuté pour m’en être pris à un fils de Sang-Pur. Parce que je peux vous assurer que les loup-garous n’ont pas les meilleurs avocats au Magenmot.

-Eh le bouseux, fais attention un peu ! Tu en fais de la bouillie là ! Agite plutôt…

La voix mélodieuse de mon cher coéquipier me sort de mes pensées moroses et je suis incapable de réprimer un soupir. Il faut croire que mon énervement interne s’en est ressenti sur la tâche que j’étais en train de pratiquer et, effectivement, mes scarabées ont manqué de peu d’être réduits à l’état de poussière. Pour ma défense, il est parfois difficile de contrôler ma propre force, surtout sur des ingrédients aussi ridiculement petits que de fichus scarabées. Enfin, je reconnais tout de même que je n’étais pas des plus attentifs à ce que je faisais. Il faut dire aussi que, comme attentif ou non, le résultat est le même, à savoir une catastrophe innommable, j’ai arrêté de me prendre particulièrement la tête. Ce qui irrite au plus haut point Rosier. Pas que ça me traumatise plus que ça.

Malheureusement aujourd’hui, j’ai double dose de Serpentard imbus d’eux-mêmes à ma table et tandis que Rosier m’offre enfin une bouffée d’air frais en allant voir ailleurs si j’y suis ou plutôt si l’ingrédient qu’il nous manque pour terminer y est, c’est au tour de Winchester de s’en mêler pour me critiquer. Je réalise alors que je suis en réalité plus nerveux encore qu’à mon habitude, si seulement c’est possible bien sûr. En effet, les remarques incessantes de Rosier avec Winchester s’en mêlant de temps à autres pour rajouter son grain de sel sont en train d’en finir avec le peu de patience qu’il me reste et Merlin seul sait ce qui peut arriver si je craque maintenant. Je me force donc à respirer un grand coup pour ne pas répondre sèchement à Winchester mais, toutes mes bonnes résolutions s’envolent par la fenêtre au moment où Rosier refait son apparition dans un état proche de la catatonie tellement il est énervé. Et pour terminer la scène en beauté, la potion explose soudainement nous trempant tous amplement.

Slughorn choisit alors cet instant précis pour nous annoncer la sentence : nous voilà forcés à recommencer d’ici quelques heures. Trop c’est trop et l’idée de subir à nouveau trois heures de critiques incessantes pour aussi justifiées qu’elles soient me fait fuir les lieux en direction du fond de la salle où Peter est encore en train de ranger ses affaires, après m’être nettoyé d’un sort rapide. Je constate que James et Sirius ont déjà quitté les lieux et appelle donc Pete mais deux choses ne collent pas. Un, le regard terrifié qu’il me lance avant de s’enfuir en courant et, deux, la voix bien plus rauque que la mienne qui vient de sortir de mon gosier. Si ce n’était pas impossible, je dirais que ce timbre de voix que je ne connais malheureusement que trop est celui de Rosier. Paniqué, je jette un coup d’œil à mon apparence et constate que je porte désormais un uniforme au blason des Serpents et que la cicatrice qui traverse mon poignet gauche en temps normal a disparue. Je me penche donc au-dessus d’un chaudron pour essayer d’avoir un aperçu de mon visage et je suis sur le point d’avoir un arrêt cardiaque. Je ressemble trait pour trait à Rosier !

Terrifié par les conséquences d’un tel changement, je prends mes jambes à mon coup, à la recherche de Rosier qui, selon cette logique doit être dans mon corps. Rien que l’idée qu’il puisse voir les cicatrices qui le parcourent et faire 1+1 = 2 me fait accélérer encore plus, mais je n’ai pas à aller très loin, car à peine ai-je traversé le seuil de la porte que je vois un Winchester livide tenant une version de moi peu contente également contre le mur. Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, mais il me suffit de voir les attitudes des deux participants pour comprendre que c’est encore pire que ce que je m’imaginais. Rosier a écopé de l’enveloppe corporelle de Winchester et ce dernier se balade désormais en me ressemblant. Je vous l’avais bien dit que quelqu’un m’en voulait…

L’idée néanmoins que ce ne soit pas Rosier qui soit dans mon corps me rassure quelque peu et je fais connaître ma présence. Ils ne vont pas être heureux et vont sûrement s’en prendre à moi - c’est après tout plus ou moins de ma faute si on se retrouve dans cette situation - mais je ne peux malheureusement pas continuer à ressembler à Rosier. C’est une question de principe. Je tente donc une approche destinée à les faire réagir. De toute façon, ils vont vouloir me casser la figure dans tous les cas donc.

-Rosier. Winchester. Et si vous arrêtiez vos simagrées de mâles alphas une seconde, que vous usiez de vos cerveaux pour déduire ce qui s’est passé et qu’on cherchait une solution avec nos neurones plutôt que nos poings. Parce que vous je ne sais pas mais, personnellement, ressembler à … ça, je me désigne d’un geste, ce n’est pas dans mes projets pour l’avenir.

C’était risqué de les provoquer ouvertement mais ils ont l’air tellement dans leur dispute que sinon on y était probablement encore demain.

[Evan Rosier]

Je n’en pouvais plus. Ma colère n’était plus contrôlable. Je sentais que je bouillonnais comme jamais. Je n’étais pas sûr de pouvoir encore voir cette tête d’idiot en face de moi. Si ce stupide Slughorn continuait de me mettre avec lui en potion, je craignais de ne plus pouvoir me retenir et devoir enfoncer sa tête dans le chaudron. Il sera mon cobaye à chaque fois qu’il ratera la potion. Comment pouvait-on rester aussi obstiné alors que des explosions détonaient sans arrêt. D’ailleurs, nous en étions arrivés au point de non-retour. Je ne voyais pas comment on pouvait faire pire qu’aujourd’hui. Ce n’était plus une explosion qui avait eu lieu, c’était une destruction du plan de travail. Pourtant, j’avais tout fait pour rattraper chaque petite erreur de ce bouffondor. Je l’avais surveillé sans arrêt, l’empêchant de faire des milliers de bêtises. Il avait fallu que je parte trente secondes et il avait tout fait capoter.

Alors forcément, le voir agir bizarrement sous mon nez ne me plaisait guère. Je ne voyais pas comment je pouvais retenir ma colère quand il venait de détruire royalement ma moyenne et ma réputation. En plus, il nous obligeait à revenir tout nettoyer et recommencer. Je ne pourrais vraiment le supporter plus longtemps. Il allait devoir comprendre très vite qu’il ne pouvait pas faire une telle erreur une seconde fois. J’allais un peu vite en l’agressant comme cela. Après tout, il y avait aussi Jake Winchester dans le groupe. Seulement, j’avais déjà travaillé avec le serpentard et jamais il n’aurait fait une telle maladresse dans un cours, qui plus est avec moi. Il savait que j’attendais énormément de lui et qu’il ne pouvait pas faire d’impair. D’ailleurs, il faudrait que je lui parle plus sérieusement plus tard. Cette histoire avec la Meadowes ne me plaisait pas. Ce n’était pas ainsi qu’on pouvait se permettre de s’exclamer supérieur. Son comportement durant le cours m’avait paru suspect maintenant que j’y pensais. Il n’avait pas assez ridiculisé Lupin, pas assez montrer son ambition de réussir. J’espérais que les gryffons ne l’avaient pas fait changer de côté. Sans doute le saurais-je plus tôt que prévu, il ne devrait pas tarder à nous rejoindre. Il avait intérêt à surveiller mes arrières.

Je tenais toujours fermement Lupin contre le mur à attendre sa réponse. Il ferait mieux de me répondre rapidement s’il ne voulait en subir un peu plus les conséquences. Il devrait pourtant savoir que je n’aimais pas que l’on me fasse attendre. Depuis le temps que je devais le supporter, il aurait dû savoir ce qui m’exaspérait. J’avais pourtant cru voir quelques améliorations au bout de quelques années. Il avait fini par rester tranquille à ne rien faire, me laissant montrer mes grandes capacités bien plus efficaces. Il avait sans doute voulu faire le fier face à deux serpentards, essayé de montrer qu’il n’était pas aussi idiot qu’il n’en avait l’air. On pouvait dire que c’était plus que loupé.

Un ton moins que sympathique vint mitrailler mes tympans. Je regardai d’un mauvais air le maigrichon. C’était qu’il essayait de me faire croire qu’il avait un minimum de courage maintenant ? Depuis quand Remus Lupin me provoquait-il ? Il se croyait sans doute drôle en plus. Je fronçai les sourcils et enfonçai un peu plus ma baguette contre sa carotide. Le venin qui venait de sortir de ses lèvres ne lui allait vraiment pas. La menace qui en émanait me fit grincer les dents. Ma mâchoire se crispa violement. Je ne savais pas pourquoi je me retenais encore. Bon en cet instant, je cherchai surtout la meilleure façon de lui faire regretter ses paroles. Et puis, nous étions juste à la sortie du cours de potion. Si Monsieur Débile sortait maintenant, je serais bon pour des retenues jusqu’à la fin de l’année et du récurage de chaudrons deux fois par semaines. Je commençais à bien le connaître le gros bonhomme. Or, j’avais autre chose à faire de mon temps libre, entre autre, apprendre à maîtriser la magie noire par moi-même. Malheureusement, je ne pouvais pas me permettre de le prendre pour cobaye pour ça aussi. Il risquait d’aller baver au directeur, pur lèche-botte qu’il était.

Tu essayes les menaces toi maintenant ? Allez, on va dire que tu m’as presque impressionné. Donc, LE BOUSEUX, qu’est-ce que t’as fait ?!

Je l’appuyai de plus en plus fort contre le mur. Mon poing me démangeait fortement. C’était comme si la magie ne serait pas assez forte pour éliminer toute la fureur que j’engrangeai. Que l’on soit clair, je ne préférai pas les méthodes moldues. Juste, il était plutôt dur de bien se défouler avec la magie médiocre qu’on nous faisait apprendre. On en retournait au problème de magie noire que je ne pouvais pas exercer. C’en était de plus en plus frustrant.

Ce fut alors que j’entendis une voix particulière. J’avais l’impression de l’avoir déjà entendue mais elle semblait tellement différente. C’était comme si elle était passée parmi plusieurs phases de déformation avant de venir jusqu’à mes tympans. Je fronçai les sourcils et tournai la tête vers sa direction. Je crispai mes mains contre ma victime en découvrant la personne en face de moi. Mes yeux s’agrandirent sans que je pusse les empêcher. Les paroles du rouge et or me revinrent en une seconde alors que je croyais être victime d’un sort de confusion. Comment était-ce possible que je sois là en train de menacer un idiot alors que j’observai mon corps à quelques mètres de moi ? J’eus soudain peur de regarder mon propre corps. J’avais peur de ce que j’allais découvrir. Pourtant, je finis par le faire pour en être certain.

Au départ, je ne remarquai que l’uniforme des verts et argents, tout ce qu’il y avait de plus normal. Seulement, en faisant glisser la manche du bras ne tenant pas la baguette, des tatouages firent leur apparition. Or, jamais je n’avais détruit mon magnifique corps avec de pareilles mochetés. Et il n’était pas assez entretenu pour que ce soit le mien. Je me crispai un peu plus sous la pression. Je ne lâchai pas une seule minute le gryffondor. Je me doutais maintenant que Jake se cachait dessous, mais je ne pouvais pas me laisser aller juste avec ce détail.

La provocation de Lupin me toucha directement. Me critiquer semblait tellement facile pour lui, un peu trop même pour que je l’accepte. J’eus envie de foncer sur lui pour lui donner un bon coup bien placé seulement je devais être un peu plus intelligent que cela. Je risquai d’avoir mal à sa place dès l’instant où on retrouverait notre corps. Je ne pouvais pas abîmer le mien juste à cause d’une petite pulsion. Il fallait être plus astucieux que cela. Alors, je lâchai un bon souffle d’exaspération et m’éloignai légèrement du mur, lâchant dans le même temps Jake/Remus. Je déplaçai ma baguette dans ma poche. Puis sans prévenir, j’envoyai mon poing dans la face de ma victime judicieusement libérée, puis continuai avec un coup dans son ventre. Je posai mon autre main sur son dos en lui murmurant :

Désolée Jake, mais il fallait qu’il paye dans le long terme !

Sur ce, je ressortis ma baguette et la pointai de nouveau au niveau de son cou. Je le fis se relever avec  force et fit face à moi-même. Au moins, j’allais en quelque sorte pouvoir discuter avec une personne prenant soin d’elle-même. J’allais pouvoir m’admirer et découvrir ce que les filles adoraient tellement chez moi. Je faillis prendre une attitude chaleureuse avant de me rappeler qui possédait mon corps. Tout de suite, une expression d’horreur vint éliminer tout le reste. Il fallait trouver une solution au plus vite. Je ne pouvais pas laisser ce débile se promener avec moi. Je ne pouvais pas le laisser me détruire. Il risquait de me paralyser à vie avec son cerveau de pois chiche.

Ben vas-y l’intelligent de service, dis-nous comment réparer ta connerie ! Dis-moi, si je détruis ton corps au point de le faire mourir, qui en subira les conséquences ? Toi ou Jake ? Non parce que je suis prêt à faire l’expérience si tu ne te dépêches pas de trouver la solution, j’en ai marre de passer derrière toi et tes bouses !

Je tenais fermement Jake contre moi. Il ne fallait pas qu’il bouge ou tente de partir. Il allait devoir comprendre très vite que je prenais les commandes. Et puis, vu à quel point Remus semblait ravi d’être dans mon corps, une petite menace risquait de l’ aider à se concentrer au plus vite. Winchester ferait donc mieux de se mettre dans mon camp s’il ne voulait pas de mauvaise surprise plus tard.

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