Sujets similaires
Noires nouvelles [Dorcas]
2 participants
Les Maraudeurs R.P.G :: POUDLARD :: Tours :: La volière
Page 1 sur 1
Noires nouvelles [Dorcas]
La journée s’était déroulée sans incident, se déroulant comme une mélodie par trop familière. Cours de métamorphose, de défense contre les forces du mal, de sortilèges et de potions s’étaient enchaînés. Pas de grande nouveauté de ce côté-là. Le froid de décembre s’était définitivement installé à présent et il avait encore bien neigé durant la nuit. La couche de neige qui recouvrait le parc devait bien atteindre une vingtaine de centimètres à présent.
Leroy soupira. L’hiver l’empêcherait de se réfugier dans la quiétude du parc ou près de la Forêt Interdite. De fait, il se trouvait maintenant dans la salle commune, bruyante et bondée d’élèves qui profitaient de la douce chaleur des feux de cheminée. Des quatrième année menaient le chahut avec un entrain débordant. Replié dans son coin, le garçon faisait ce qu’il pouvait pour ignorer le tapage et se concentrer sur ce qu’il était en train d’écrire. Il aurait certes pu remettre sa correspondance à plus tard, mais il ne faisait jamais attendre ses réponses à Sveltlana.
Il finit par conclure, se relut rapidement pour s’assurer que le vacarme alentour ne l’avait pas gêné au point de laisser des fautes. Cela fait, il plia la feuille de parchemin, la mit dans une enveloppe, avant de monter dans son dortoir prendre sa cape, son écharpe et des gants. Monter à la volière par ce temps devenait toute une expédition.
Enfin paré, il se mit en route. Le silence des couloirs était plus que bienvenu après la salle commune. Il regrettait davantage la chaleur de celle-ci. Leroy se hâta de remonter les couloirs pour se réchauffer et baissa la tête afin de faire face au froid, lorsqu’il se trouva dehors, sur les dernières marches qui menaient à la volière.
Le vent soufflait fort, faisant voler ses cheveux et il regretta de ne pas avoir emporté de bonnet. Le Serdaigle se morigéna : il n’en avait que pour cinq minutes, il pourrait bien survivre !
Dans la volière, les hiboux étaient serrés les uns contre les autres. Comme toujours, Leroy s’attendait à subir une scène du sien, vexé de ne plus lui servir. Le garçon eut beau parcourir les perchoirs du regard, il ne l’aperçut pas. Sans doute était-il parti chasser…ce qui lui faciliterait la tâche. Il prit l’un des hiboux de l’école pour lui donner sa lettre, et s’apprêta à repartir, impatient de retrouver les grandes cheminées de la tour de Serdaigle.
A cet instant, Mine de Rien, son hibou, fit son entrée par la porte principale, transi de froid. Tout juste s’il n’avait pas du gel sous les plumes. Leroy tendit le bras pour le recevoir et le serrer un instant contre lui afin de le réchauffer. Le petit hibou accepta avec plaisir les caresses de son maître avant de se redresser et de lui tendre une patte. Il paraissait fier de lui, tandis que Leroy, plus surpris que jamais, s’emparait de la lettre. Qui donc pouvait bien lui écrire ? Cela faisait deux ans presque jour pour jour qu’il était parti de chez lui et n’avait plus jamais envoyé ou reçu de courrier par le biais de son propre oiseau. A qui aurait-il écrit de toute façon ? Sa mère ne lui avait jamais répondu, malgré les lettres qu’il envoyait une fois par semaine et il avait arrêté au moment de son départ. Ses cousins ? Il avait perdu tout contact avec eux depuis des années. Quant à son père…
Avec une légère appréhension, il saisit la lettre. Son regard tomba sur le sceau qui la fermait : un loup courant, museau pointé vers le ciel dans un hurlement muet, sous un croissant de lune, encadré par deux étoiles. Le sceau de sa famille. Le garçon sentit un glaçon descendre le long de sa gorge et ce n’était pas dû au froid.
Un coup d’œil sur l’adresse confirma ses soupçons : il n’y avait qu’une seule personne en Angleterre pour l’appeler par son prénom français et il connaissait bien cette grande écriture fière, qui s’étalait comme pour affirmer la supériorité de celui qui maniait la plume. Mais pour quelle raison son père voudrait-il lui écrire ?
Leroy resta un instant à fixer la lettre sans se résoudre à l’ouvrir. Peut-être vaudrait-il mieux qu’il la jetât directement au feu sans prendre la peine de la lire. Que pouvait-il en résulter de bon ? Son père ne lui écrirait pas des gentillesses et Leroy préférait penser le moins possible à son passé, non pas pour oublier, mais pour ne pas se laisser enfermer dans sa rancœur. Mine de Rien lui donna de légers coups de becs sur le bras pour quémander des caresses, que le garçon lui accorda machinalement, ses pensées toujours concentrées sur le papier. Finalement, il murmura un remerciement à Mine de Rien, qui, satisfait d’avoir pu être de nouveau utile à son maître, alla se poser sur son perchoir et s’endormit presque aussitôt pour un somme qu’il estimait sans doute mérité.
Leroy s’assura qu’il était seul, retira ses gants puis décacheta l’enveloppe d’une main fébrile. Intrigué et inquiet à la fois, il entama sa lecture, en espérant qu’il n’était rien arrivé à sa mère. C’était la seule raison qui, à ses yeux, motivait que son père lui écrive. Ils se détestaient l’un l’autre et rien de ce qu’il écrirait ne pourrait convaincre Leroy de revenir vers lui.
Ses yeux s’agrandirent bientôt à mesure qu’il lisait, horrifié. Sur un ton badin, son père lui annonçait la mort de la famille qui l’avait recueilli et hébergé lors de sa fuite. Il se rappelait parfaitement ce soir-là…comment l’oublier d’ailleurs ? Il avait fui, blessé au visage par un mauvais sort, et rien ne semblait pouvoir enrayer l’hémorragie…S’il n’avait pas connu cette famille, dont seule la mère était sorcière, il ne s’en serait pas sorti, à moins de faire demi-tour pour se rendre à son père. Ils l’avaient soigné sans rien lui demander en retour, protégé de son père, hébergé jusqu’à ce qu’il puisse repartir à Poudlard…et maintenant, ils étaient morts ? Il ne pouvait y croire.
Ses mains tremblaient tandis qu’il avançait dans sa lecture et sa vue se brouilla bientôt sous les larmes. Son père ne se privait pas pour lui donner des détails. Les mots lui sautaient au visage comme autant de coups de poignards : « la police n’a pas su conclure », « des chiens enragés, à défaut d’un loup en liberté », « meurtre horrible », « enfants tués sous les yeux des parents »… Leroy se mit à trembler violemment, tandis que son père badinait sur cette histoire de loup : « une bête sauvage de nos jours…peut-être avaient-ils offensé quelqu’un ? Un loup rend toujours ce qu’il doit, après tout » et lui présentait ses condoléances. Tout en ajoutant « j’espère que tu ne les regretteras pas trop, cette femme avait renoncé à tout ce qui faisait d’elle une sorcière pour vivre avec ce moldu… ». Il concluait en lui disant de rester sur ses gardes, de faire attention, de rester prudent étant donné le contexte actuel, avec toutes les rumeurs de guerre qui circulaient.
Leroy fut secoué d’un spasme et il crut un instant qu’il allait vomir. Il n’arrivait toujours pas à le croire…et pourtant…les mots faisaient naître des images toutes plus terribles les unes que les autres dans son esprit. Et il prenait peu à peu conscience de la vérité, de ce qui était affirmé entre les lignes. Chien enragé ou loup…il n’y avait pas de loup en Angleterre. Sauf…Ce n’était pas pour rien que son blason représentait cet animal ou qu’il s’appelait de Louvière. Sa famille avait toujours eu des facilités dans la transformation en Animagus et nombre de ses membres avaient été des loups. Le dernier en date étant son propre père.
« Un loup rend toujours ce qu’il doit ». Ce n’était pas écrit, mais tout était dit. Son…père (mais l’était-il vraiment encore ?) les avait tués, pour le seul crime de l’avoir hébergé et soigné. Une simple vengeance, un moyen de faire payer à son fils la honte infligée le soir de son départ. Leurs vies ne comptaient pas à ses yeux, ils n’étaient « que » des moldus et une sorcière qui frayait avec eux perdait toute dignité.
« Non, pensa Leroy, désespérément. Pas ma faute, pas moi…Non. Non. Non ! ».
Leroy aurait voulu le crier, protester à haute voix ; aucun mot ne sortit. Il ne pouvait le nier. C’était sa faute, entièrement de sa faute. Ils lui avaient sauvé la vie, ils étaient morts. Aussi simple que cela…tout ce qu’on gagnait quand on s’opposait à la volonté du chef de famille des Louvière. La mère, son mari, leurs trois enfants, dont l’aîné n’avait que treize ans et la plus jeune à peine sept… Ils avaient dû le maudire dans leurs derniers instants.
Leroy n’avait pas voulu se rendre, ce fameux soir, préférant fuir pour ne pas donner la victoire à son père, préférant vivre pour prendre un jour sa revanche, montrer qu’il n’était pas comme lui… Pas comme lui…une belle plaisanterie ! Il était aussi meurtrier que son père maintenant. Il ne pouvait pas dire qu’il ne savait pas. Il connaissait la puissance paternelle, il avait tenté d’avertir la sorcière mais elle lui avait assuré qu’elle ne risquait rien, que sa maison était protégée. Et il n’avait pas protesté, il avait accepté ces paroles en se rassurant, en faisant taire ses doutes. La douleur lui brouillait certes les pensées, mais pourquoi n’avoir pas insisté par la suite ? Par lâcheté sans doute. Il ne voulait pas croire qu’il les avait mis en danger ; son père ne les connaissait pas et n’avait guère de chances de les retrouver. Illusions que tout cela, illusions dont il s’était bercé tandis qu’il retrouvait la sécurité inviolable de Poudlard.
Si seulement il avait réfléchi ce soir-là ! Si seulement… Mais ce n’était pas avec des si qu’il rachèterait ses erreurs. Mais que pouvait-il faire ? Il était seul, toujours seul ; courir chez lui pour se venger ne le conduirait qu’à se faire prendre…Une bonne chose peut-être, après ce qu’il avait fait, mais qui ne ferait pas tomber son père. Il fallait qu’il résiste à la tentation d’en finir d’une manière d’une autre…S’il arrivait à devenir Auror, il pourrait venger ses amis…
Le garçon reprit peu à peu conscience de l’endroit où il se trouvait. Perdu dans ses pensées, il avait complètement occulté l’endroit où il se trouvait. Le hululement d’un hibou l’aida à reprendre contact avec la réalité. Il ignorait combien de temps avait pu s’écouler ; il tremblait encore un peu, de chagrin et de froid. Le vent qui sillonnait la tour l’avait gelé jusqu’à la moelle mais il n’en avait cure. Le soleil brillait encore, dans un dernier flamboiement, prêt à disparaître derrière les montagnes qui se trouvaient derrière Poudlard. Comment pouvait-il faire si beau, comment la neige pouvait-elle encore étinceler, alors que des choses si horribles se produisaient ? Le monde semblait en paix alors que Leroy aurait voulu qu’il se passe quelque chose, qu’il neige, qu’il fasse sombre…que la nature compatisse à son malheur d’une façon ou d’une autre. Réaction puérile s’il en était, mais le garçon se sentait complètement perdu. Il réalisa alors que, sans s’en rendre compte, il avait glissé contre le mur et se retrouvait presque accroupi, adossé à la muraille, comme replié sur lui-même. Des larmes coulaient encore sur ses joues et il s’essuya les yeux, en essayant de se calmer. Peine perdue. La lettre lui avait échappé, et avait atterri quelques pas plus loin, sur le sol souillé de la tour.
Leroy resta encore figé un instant, regardant ses mains, comme si elles étaient encore rouges du sang versé. Il se redressa péniblement ensuite, et un vertige s’empara de lui. Il dut s’appuyer au mur pour se soutenir et ne pas tomber, toujours en état de choc. Dans un état second, il alla ramasser la lettre, du bout des doigts, comme s’il voulait la toucher le moins possible. Il se sentait encore faible, mais tâcha de retrouver une certaine contenance sans y parvenir vraiment. Cela devenait urgent cependant : des pas se faisaient entendre à l’extérieur.
Il froissa la lettre dans sa main, espérant contre tout qu’il ne s’agirait pas de quelqu’un qu’il connaissait.
Leroy soupira. L’hiver l’empêcherait de se réfugier dans la quiétude du parc ou près de la Forêt Interdite. De fait, il se trouvait maintenant dans la salle commune, bruyante et bondée d’élèves qui profitaient de la douce chaleur des feux de cheminée. Des quatrième année menaient le chahut avec un entrain débordant. Replié dans son coin, le garçon faisait ce qu’il pouvait pour ignorer le tapage et se concentrer sur ce qu’il était en train d’écrire. Il aurait certes pu remettre sa correspondance à plus tard, mais il ne faisait jamais attendre ses réponses à Sveltlana.
Il finit par conclure, se relut rapidement pour s’assurer que le vacarme alentour ne l’avait pas gêné au point de laisser des fautes. Cela fait, il plia la feuille de parchemin, la mit dans une enveloppe, avant de monter dans son dortoir prendre sa cape, son écharpe et des gants. Monter à la volière par ce temps devenait toute une expédition.
Enfin paré, il se mit en route. Le silence des couloirs était plus que bienvenu après la salle commune. Il regrettait davantage la chaleur de celle-ci. Leroy se hâta de remonter les couloirs pour se réchauffer et baissa la tête afin de faire face au froid, lorsqu’il se trouva dehors, sur les dernières marches qui menaient à la volière.
Le vent soufflait fort, faisant voler ses cheveux et il regretta de ne pas avoir emporté de bonnet. Le Serdaigle se morigéna : il n’en avait que pour cinq minutes, il pourrait bien survivre !
Dans la volière, les hiboux étaient serrés les uns contre les autres. Comme toujours, Leroy s’attendait à subir une scène du sien, vexé de ne plus lui servir. Le garçon eut beau parcourir les perchoirs du regard, il ne l’aperçut pas. Sans doute était-il parti chasser…ce qui lui faciliterait la tâche. Il prit l’un des hiboux de l’école pour lui donner sa lettre, et s’apprêta à repartir, impatient de retrouver les grandes cheminées de la tour de Serdaigle.
A cet instant, Mine de Rien, son hibou, fit son entrée par la porte principale, transi de froid. Tout juste s’il n’avait pas du gel sous les plumes. Leroy tendit le bras pour le recevoir et le serrer un instant contre lui afin de le réchauffer. Le petit hibou accepta avec plaisir les caresses de son maître avant de se redresser et de lui tendre une patte. Il paraissait fier de lui, tandis que Leroy, plus surpris que jamais, s’emparait de la lettre. Qui donc pouvait bien lui écrire ? Cela faisait deux ans presque jour pour jour qu’il était parti de chez lui et n’avait plus jamais envoyé ou reçu de courrier par le biais de son propre oiseau. A qui aurait-il écrit de toute façon ? Sa mère ne lui avait jamais répondu, malgré les lettres qu’il envoyait une fois par semaine et il avait arrêté au moment de son départ. Ses cousins ? Il avait perdu tout contact avec eux depuis des années. Quant à son père…
Avec une légère appréhension, il saisit la lettre. Son regard tomba sur le sceau qui la fermait : un loup courant, museau pointé vers le ciel dans un hurlement muet, sous un croissant de lune, encadré par deux étoiles. Le sceau de sa famille. Le garçon sentit un glaçon descendre le long de sa gorge et ce n’était pas dû au froid.
Un coup d’œil sur l’adresse confirma ses soupçons : il n’y avait qu’une seule personne en Angleterre pour l’appeler par son prénom français et il connaissait bien cette grande écriture fière, qui s’étalait comme pour affirmer la supériorité de celui qui maniait la plume. Mais pour quelle raison son père voudrait-il lui écrire ?
Leroy resta un instant à fixer la lettre sans se résoudre à l’ouvrir. Peut-être vaudrait-il mieux qu’il la jetât directement au feu sans prendre la peine de la lire. Que pouvait-il en résulter de bon ? Son père ne lui écrirait pas des gentillesses et Leroy préférait penser le moins possible à son passé, non pas pour oublier, mais pour ne pas se laisser enfermer dans sa rancœur. Mine de Rien lui donna de légers coups de becs sur le bras pour quémander des caresses, que le garçon lui accorda machinalement, ses pensées toujours concentrées sur le papier. Finalement, il murmura un remerciement à Mine de Rien, qui, satisfait d’avoir pu être de nouveau utile à son maître, alla se poser sur son perchoir et s’endormit presque aussitôt pour un somme qu’il estimait sans doute mérité.
Leroy s’assura qu’il était seul, retira ses gants puis décacheta l’enveloppe d’une main fébrile. Intrigué et inquiet à la fois, il entama sa lecture, en espérant qu’il n’était rien arrivé à sa mère. C’était la seule raison qui, à ses yeux, motivait que son père lui écrive. Ils se détestaient l’un l’autre et rien de ce qu’il écrirait ne pourrait convaincre Leroy de revenir vers lui.
Ses yeux s’agrandirent bientôt à mesure qu’il lisait, horrifié. Sur un ton badin, son père lui annonçait la mort de la famille qui l’avait recueilli et hébergé lors de sa fuite. Il se rappelait parfaitement ce soir-là…comment l’oublier d’ailleurs ? Il avait fui, blessé au visage par un mauvais sort, et rien ne semblait pouvoir enrayer l’hémorragie…S’il n’avait pas connu cette famille, dont seule la mère était sorcière, il ne s’en serait pas sorti, à moins de faire demi-tour pour se rendre à son père. Ils l’avaient soigné sans rien lui demander en retour, protégé de son père, hébergé jusqu’à ce qu’il puisse repartir à Poudlard…et maintenant, ils étaient morts ? Il ne pouvait y croire.
Ses mains tremblaient tandis qu’il avançait dans sa lecture et sa vue se brouilla bientôt sous les larmes. Son père ne se privait pas pour lui donner des détails. Les mots lui sautaient au visage comme autant de coups de poignards : « la police n’a pas su conclure », « des chiens enragés, à défaut d’un loup en liberté », « meurtre horrible », « enfants tués sous les yeux des parents »… Leroy se mit à trembler violemment, tandis que son père badinait sur cette histoire de loup : « une bête sauvage de nos jours…peut-être avaient-ils offensé quelqu’un ? Un loup rend toujours ce qu’il doit, après tout » et lui présentait ses condoléances. Tout en ajoutant « j’espère que tu ne les regretteras pas trop, cette femme avait renoncé à tout ce qui faisait d’elle une sorcière pour vivre avec ce moldu… ». Il concluait en lui disant de rester sur ses gardes, de faire attention, de rester prudent étant donné le contexte actuel, avec toutes les rumeurs de guerre qui circulaient.
Leroy fut secoué d’un spasme et il crut un instant qu’il allait vomir. Il n’arrivait toujours pas à le croire…et pourtant…les mots faisaient naître des images toutes plus terribles les unes que les autres dans son esprit. Et il prenait peu à peu conscience de la vérité, de ce qui était affirmé entre les lignes. Chien enragé ou loup…il n’y avait pas de loup en Angleterre. Sauf…Ce n’était pas pour rien que son blason représentait cet animal ou qu’il s’appelait de Louvière. Sa famille avait toujours eu des facilités dans la transformation en Animagus et nombre de ses membres avaient été des loups. Le dernier en date étant son propre père.
« Un loup rend toujours ce qu’il doit ». Ce n’était pas écrit, mais tout était dit. Son…père (mais l’était-il vraiment encore ?) les avait tués, pour le seul crime de l’avoir hébergé et soigné. Une simple vengeance, un moyen de faire payer à son fils la honte infligée le soir de son départ. Leurs vies ne comptaient pas à ses yeux, ils n’étaient « que » des moldus et une sorcière qui frayait avec eux perdait toute dignité.
« Non, pensa Leroy, désespérément. Pas ma faute, pas moi…Non. Non. Non ! ».
Leroy aurait voulu le crier, protester à haute voix ; aucun mot ne sortit. Il ne pouvait le nier. C’était sa faute, entièrement de sa faute. Ils lui avaient sauvé la vie, ils étaient morts. Aussi simple que cela…tout ce qu’on gagnait quand on s’opposait à la volonté du chef de famille des Louvière. La mère, son mari, leurs trois enfants, dont l’aîné n’avait que treize ans et la plus jeune à peine sept… Ils avaient dû le maudire dans leurs derniers instants.
Leroy n’avait pas voulu se rendre, ce fameux soir, préférant fuir pour ne pas donner la victoire à son père, préférant vivre pour prendre un jour sa revanche, montrer qu’il n’était pas comme lui… Pas comme lui…une belle plaisanterie ! Il était aussi meurtrier que son père maintenant. Il ne pouvait pas dire qu’il ne savait pas. Il connaissait la puissance paternelle, il avait tenté d’avertir la sorcière mais elle lui avait assuré qu’elle ne risquait rien, que sa maison était protégée. Et il n’avait pas protesté, il avait accepté ces paroles en se rassurant, en faisant taire ses doutes. La douleur lui brouillait certes les pensées, mais pourquoi n’avoir pas insisté par la suite ? Par lâcheté sans doute. Il ne voulait pas croire qu’il les avait mis en danger ; son père ne les connaissait pas et n’avait guère de chances de les retrouver. Illusions que tout cela, illusions dont il s’était bercé tandis qu’il retrouvait la sécurité inviolable de Poudlard.
Si seulement il avait réfléchi ce soir-là ! Si seulement… Mais ce n’était pas avec des si qu’il rachèterait ses erreurs. Mais que pouvait-il faire ? Il était seul, toujours seul ; courir chez lui pour se venger ne le conduirait qu’à se faire prendre…Une bonne chose peut-être, après ce qu’il avait fait, mais qui ne ferait pas tomber son père. Il fallait qu’il résiste à la tentation d’en finir d’une manière d’une autre…S’il arrivait à devenir Auror, il pourrait venger ses amis…
Le garçon reprit peu à peu conscience de l’endroit où il se trouvait. Perdu dans ses pensées, il avait complètement occulté l’endroit où il se trouvait. Le hululement d’un hibou l’aida à reprendre contact avec la réalité. Il ignorait combien de temps avait pu s’écouler ; il tremblait encore un peu, de chagrin et de froid. Le vent qui sillonnait la tour l’avait gelé jusqu’à la moelle mais il n’en avait cure. Le soleil brillait encore, dans un dernier flamboiement, prêt à disparaître derrière les montagnes qui se trouvaient derrière Poudlard. Comment pouvait-il faire si beau, comment la neige pouvait-elle encore étinceler, alors que des choses si horribles se produisaient ? Le monde semblait en paix alors que Leroy aurait voulu qu’il se passe quelque chose, qu’il neige, qu’il fasse sombre…que la nature compatisse à son malheur d’une façon ou d’une autre. Réaction puérile s’il en était, mais le garçon se sentait complètement perdu. Il réalisa alors que, sans s’en rendre compte, il avait glissé contre le mur et se retrouvait presque accroupi, adossé à la muraille, comme replié sur lui-même. Des larmes coulaient encore sur ses joues et il s’essuya les yeux, en essayant de se calmer. Peine perdue. La lettre lui avait échappé, et avait atterri quelques pas plus loin, sur le sol souillé de la tour.
Leroy resta encore figé un instant, regardant ses mains, comme si elles étaient encore rouges du sang versé. Il se redressa péniblement ensuite, et un vertige s’empara de lui. Il dut s’appuyer au mur pour se soutenir et ne pas tomber, toujours en état de choc. Dans un état second, il alla ramasser la lettre, du bout des doigts, comme s’il voulait la toucher le moins possible. Il se sentait encore faible, mais tâcha de retrouver une certaine contenance sans y parvenir vraiment. Cela devenait urgent cependant : des pas se faisaient entendre à l’extérieur.
Il froissa la lettre dans sa main, espérant contre tout qu’il ne s’agirait pas de quelqu’un qu’il connaissait.
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Si elle n'avait pas eu une montagne de devoirs à gravir pour la semaine prochaine, un fleuve d'exercices de runes à traverser, ainsi qu'un océan de pages et de pages à explorer, Dorcas Meadowes se serait probablement laissée aller à une douce langueur, ce soir, près du feu dans la salle commune. Elle se trouvait couchée sur le ventre, devant l'âtre, profitant du moelleux du tapis. Ce n'était pas un lieu ou une position très commune pour travailler,mais c'était celle qui lui convenait : elle n'arrivait jamais à s'asseoir à un bureau en se disant qu'elle allait y rester des heures à travailler. C'était insurmontable, pour elle, un vrai blocage ! Elle n'était décidément pas une Serdaigle.
Dans l'âtre de la cheminée, les bûches craquaient, et seraient d'ici peu réduites en cendres par les hautes flammes qui leur dévoraient les flancs. Le bois noirci offrait de temps à autre une étincelle dans ce ballet hypnotique, et Dorcas ne parvenait pas à détacher son regard du spectacle. Elle secoua la tête, revint à ses runes étalées sur son cahier – beaucoup de sorciers travaillaient directement sur parchemin, et elle refusait de gâcher du bon vélin pour ses gribouillis brouillons. Alors... il fallait trouver quelle rune manquait dans la suite, de manière à former un sortilège cohérent, qui puisse être intégré dans un pentagramme d'invocation de niveau quatre, tracé à la craie et au sel mêlé de limaille. Tout un programme : la moindre erreur d’interprétation aurait pu provoquer, au choix, l'implosion du sorcier invocateur, la libération de l'esprit magique invoqué, ou bien déchirer l'espace entre l'univers réel et les limbes. Tout un programme.
Dorcas adorait cette matière – beaucoup de sorciers regardaient de haut les runes, oghams et autres écritures druidiques, arguant qu'on leur donnait beaucoup trop d'importance pour le peu de pouvoir qu'ils octroyaient. Ce que ces sorciers ne disaient pas, c'est qu'aucun d'entre eux n'était assez courageux - ou fou – pour passer du stade de la simple traduction d'anciens sorts, à la création de nouvelles suites runiques et la mise en pratique de celles-ci. C'était là le but avoué de Dorcas, laquelle ne brillait dans aucune matière, sinon dans son cours de Runes Avancées II.
Après avoir longuement hésité, Dorcas décida de s'en remettre à sa première intuition, laquelle s'avérait souvent être la bonne. Elle écrivit donc : « Fehu, rune originelle : première lettre du Futhark. Justification : étant la rune du bétail, cette rune attirera l'esprit invoqué, lequel est un esprit de la terre, par conséquence agraire. L'on aurait pu inscrire la rune de la Terre elle-même, mais celle-ci est déjà présente dans le schéma du pentagramme, et la redondance passerait pour de l'impolitesse auprès de l'esprit invoqué ». Il y avait certes d'autres solutions, mais celle-ci serait la sienne !
Dorcas regarda l'exercice suivant, et nota « Laguz » dans la suite où manquait une rune. Elle n'était pas sûre, là aussi, mais elle y reviendrait après une pause et quelques recherches. Elle avait vraiment besoin de s'aérer l'esprit, cela faisait trois heures qu'elle travaillait sans relâche ! Pas étonnant que son attention ne se soit relâchée.
Elle soupira, ferma son cahier, et prit une feuille de vélin, cette fois. Non pour travailler, mais bien pour écrire, une lettre, soignée, à ses parents moldus. ceux-ci habitaient dans la banlieue londonienne et chaque découverte à propos du monde sorcier les ravissait. Leur curiosité comme leur enthousiasme n'avaient, à cet égard, absolument aucune limite ! Les deux moldus, convaincus jusqu'aux onze ans de leur fille que la magie n'existait pas, étaient très ouverts d'esprits, et nombre de sorciers sang purs auraient dû prendre exemple sur eux. Ainsi donc, pour cette raison, Dorcas n'utilisait pas les moyens habituels pour leur envoyer des nouvelles (il y avait pourtant un bureau de poste moldue à Pré-au-Lard), mais bel et bien des hiboux. Quand elle utilisait du vélin ouvragé, et une plume de paon pour écrire, ils étaient d'autant plus ravis de recevoir de ses nouvelles que la lettre était belle et calligraphiée.
La jeune fille relut sa lettre et, s'estimant satisfaite, la roula pour la sceller à la cire. Elle faillit se brûler au contact du feu et, un peu trop réchauffée, décida d'aller s'aérer à la volière pour poster sa lettre. Elle rangea rapidement ses affaires, prit son manteau dans le dortoir, puis se mit en route, la missive glissée entre son pull et son trench en laine. En chemin, elle enroula sa longue écharpe rouge et or autour de son cou, faisant remonter le serpent de laine jusqu'au dessus de son nez. Hors de question de laisser le froid l'atteindre !
Dorcas sortit de la salle commune des Gryffondors, saluant la grosse dame au passage, plus par habitude qu'autre chose il fallait bien l'avouer. La jeune fille se dirigea d'un pas enthousiaste vers la volière, qui n'était pas si loin de la Tour des lions, un avantage non négligeable. Elle ricanait souvent, en imaginant les Serpentards monter les sept étages pour envoyer leur courrier personnel... cela avait quelque chose d'éminemment satisfaisant !
Dorcas tourna sur la droite, les mains dans les poches, la démarche sautillante. Elle ouvrit la porte de la volière, puis la referma derrière elle pour éviter les courants d'air. L'atmosphère était glaciale ici ! Malgré ce qui lui restait de chaleur dans les membres, la Gryffondor frissonna. Son souffle formait une vapeur blanche devant elle, qui montait les marches à pas rapides, tant pour garder sa chaleur que pour raccourcir au plus vite cette visite glaciale dans le domaine des hiboux. Le bruit de ses pas résonnait en échos déformés sur les murs de l'escalier en colimaçon. Le son dégringolait les marches tandis qu'elle les grimpait.
Dorcas parvint en haut, le bout du nez glacé sous la laine. Moins d'une minute, même pas au-dehors, et elle trouvait déjà le froid glacial, trop coupant pour son petit confort ! A moins que ce ne fut parce qu'elle avait passé les trois dernières heures à lézarder devant un bon feu... le contraste était saisissant, et ce, dans tous les sens du terme. Son regard tomba sur un Serdaigle, d'après l'écharpe bleue et le blason sur la cape. Sans même regarder son visage, la jeune fille marmonna : "Bonjour..."
Elle n'avait pas envie d'épiloguer dans ce froid, l'autre le comprendrait bien, tout de même. Vite, vite ! Elle sortit les mains du chaud refuge de ses poches, et siffla doucement un hibou grand duc que ses parents affectionnaient tout particulièrement. Au signal familier, l'animal s'ébroua au fond de sa niche de pierre pour signaler sa présence. Dorcas tendit le bras, et d'un coup d'aile, il vint de poser sur son poignet droit. Il pesait lourd, mais qu'est-ce qu'il était beau ! La jeune fille sortit la missive et la passa dans la bague attachée à la patte du volatile. Les serres, puissantes mais délicates, se contractèrent à ce mouvement, mais l'animal se laissa faire, habitué à ce genre de traitements.
"Londres, Monsieur et Madames Meadowes. Tu connais l'endroit !"
Elle lui fit une caresse, l'animal pencha la tête, comme pour approuver, puis s'envola aussitôt hors de la volière ouverte aux quatre vents, lequel sifflait la chanson de l'hiver aux oreiles de la jeune fille. Il portait des flocons de neige léger, qui se posaient avec la légèreté d'étoiles évanescentes sur le lainage rouge et or. Dorcas loucha un instant sur ce spectacle, avant qu'ils ne fondent, avant que de se tourner pour retourner au chaud. Cependant, son regard accrocha un autre regard, brillant de larmes retenues, écarquillé par l'horreur, qui tentait désespérément de cacher une détresse bien trop puissante pour cela. C'était le Serdaigle, qui n'avait pas bougé. Pourquoi restait-il ici ? Avait-il cherché à s'isoler ?
Il avait un visage doux, mais ses traits étaient durcis par la douleur qu'il contenait. Ses yeux étaient beaux, mais rendus tristes par les larmes qu'ils retenaient. Les paupières, aux longs cils presque féminins, lourds de remords, battaient la cadence de son malheur. Ses lèvres, fines et bien dessinées, s'ouvraient sur un cri inaudible. Dorcas ignorait quelle tempête de pensées s'agitait dans son esprit, mais il devait s'agir de quelque chose de grave. Très grave.
Quoiqu'en disent certaines mauvaises langues, Dorcas n'avait pas pour habitude de se mêler des affaires des autres, à moins qu'ils ne l'y invitent, auquel cas elle était toujours ravie d'aider son prochain. Cependant, sa conscience lui souffla de demander : "Ça ne va pas ? Tu... tu ne veux pas descendre ? Tu risque d'attraper froid à rester ici sans bouger."
Libre à l'autre - un certain Louverie, Louveteau... ah, Louvière ! - de répondre ce qu'il voulait, que ce soit pour discuter ou la congédier. Elle ne souhaitait pas s'imposer, mais il semblait tellement abattu, il était si pâle, et ses mains qui tremblaient, serrant une lettre froissée par l'angoisse et détrempée par les larmes ! Dorcas se douta bien que la missive avait dû provoquer son abattement, et son cœur se serra pour lui. Elle le connaissait peu, mais sa douleur l'atteignait quand même. De toute manière, qui n'aurait pas été touché par une détresse si alarmante ? Si évidente ?
Dorcas, elle, se sentait terrassée par celle-ci. Toute chaleur l'avait définitivement quittée, et le vent, et le froid, et la neige n'étaient pas les seuls en cause. Elle se mordit les lèvres, ayant peur de la réaction du jeune homme. Elle n'osait plus rien ajouter, soudain, dans le silence qui les séparait. S'il avait été l'un de ses amis, elle l'aurait pris dans ses bras, l'aurait serré fort, sans que la parole fut nécessaire. Le contact humain avait plus de pouvoir que les mots dans ces moments-là, elle était bien placée pour le savoir. Mais là, c'était différent... ses sourcils s'arquèrent dans une expression de compassion.
Le spectacle de la souffrance, qu'elle fusse physique ou psychologique, lui était purement et simplement insupportable.
Dans l'âtre de la cheminée, les bûches craquaient, et seraient d'ici peu réduites en cendres par les hautes flammes qui leur dévoraient les flancs. Le bois noirci offrait de temps à autre une étincelle dans ce ballet hypnotique, et Dorcas ne parvenait pas à détacher son regard du spectacle. Elle secoua la tête, revint à ses runes étalées sur son cahier – beaucoup de sorciers travaillaient directement sur parchemin, et elle refusait de gâcher du bon vélin pour ses gribouillis brouillons. Alors... il fallait trouver quelle rune manquait dans la suite, de manière à former un sortilège cohérent, qui puisse être intégré dans un pentagramme d'invocation de niveau quatre, tracé à la craie et au sel mêlé de limaille. Tout un programme : la moindre erreur d’interprétation aurait pu provoquer, au choix, l'implosion du sorcier invocateur, la libération de l'esprit magique invoqué, ou bien déchirer l'espace entre l'univers réel et les limbes. Tout un programme.
Dorcas adorait cette matière – beaucoup de sorciers regardaient de haut les runes, oghams et autres écritures druidiques, arguant qu'on leur donnait beaucoup trop d'importance pour le peu de pouvoir qu'ils octroyaient. Ce que ces sorciers ne disaient pas, c'est qu'aucun d'entre eux n'était assez courageux - ou fou – pour passer du stade de la simple traduction d'anciens sorts, à la création de nouvelles suites runiques et la mise en pratique de celles-ci. C'était là le but avoué de Dorcas, laquelle ne brillait dans aucune matière, sinon dans son cours de Runes Avancées II.
Après avoir longuement hésité, Dorcas décida de s'en remettre à sa première intuition, laquelle s'avérait souvent être la bonne. Elle écrivit donc : « Fehu, rune originelle : première lettre du Futhark. Justification : étant la rune du bétail, cette rune attirera l'esprit invoqué, lequel est un esprit de la terre, par conséquence agraire. L'on aurait pu inscrire la rune de la Terre elle-même, mais celle-ci est déjà présente dans le schéma du pentagramme, et la redondance passerait pour de l'impolitesse auprès de l'esprit invoqué ». Il y avait certes d'autres solutions, mais celle-ci serait la sienne !
Dorcas regarda l'exercice suivant, et nota « Laguz » dans la suite où manquait une rune. Elle n'était pas sûre, là aussi, mais elle y reviendrait après une pause et quelques recherches. Elle avait vraiment besoin de s'aérer l'esprit, cela faisait trois heures qu'elle travaillait sans relâche ! Pas étonnant que son attention ne se soit relâchée.
Elle soupira, ferma son cahier, et prit une feuille de vélin, cette fois. Non pour travailler, mais bien pour écrire, une lettre, soignée, à ses parents moldus. ceux-ci habitaient dans la banlieue londonienne et chaque découverte à propos du monde sorcier les ravissait. Leur curiosité comme leur enthousiasme n'avaient, à cet égard, absolument aucune limite ! Les deux moldus, convaincus jusqu'aux onze ans de leur fille que la magie n'existait pas, étaient très ouverts d'esprits, et nombre de sorciers sang purs auraient dû prendre exemple sur eux. Ainsi donc, pour cette raison, Dorcas n'utilisait pas les moyens habituels pour leur envoyer des nouvelles (il y avait pourtant un bureau de poste moldue à Pré-au-Lard), mais bel et bien des hiboux. Quand elle utilisait du vélin ouvragé, et une plume de paon pour écrire, ils étaient d'autant plus ravis de recevoir de ses nouvelles que la lettre était belle et calligraphiée.
Papa, Maman,
J'espère que vous allez bien. La vie à Poudlard suit son cours. Nous avons de la neige à ne plus savoir qu'en faire : quand nous allons dans le parc, il faut déblayer à coups de baguettes pour être certain de ne pas tomber dans une congère ! Est-ce qu'il neige beaucoup à Londres ? J'ai entendu dire qu'il y avait moins de chutes de neige que les précédentes semaines.
Cette semaine j'ai eu un D en potions. D comme déplorable, mais ma meilleure note depuis des mois, ça, c'est sûr ! J'estime ce D plutôt bon. J'ignore si je m'améliore ou si j'ai eu de la chance, mais dans tous les cas, j'en suis très heureuse.
Il y a un concert samedi soir à Pré-au-lard, aux Trois Balais, et la semaine prochaine, un élève de Poudlard a réservé la Casa Musica pour que les sixièmes et septièmes années puissent en profiter entre eux. J'ignore de qui il s'agit,mais je compte bien y aller, avec Gwen ou Lily.
Les filles vont bien, elles vous passent le bonjour. Gwen sort enfin avec Angel ! Vous voyez, je vous l'avais bien dit ! Je suis sûr que leur couple est fait pour durer.
Lily, elle, se remet doucement de sa rupture avec Nataniel... je n'ai toujours pas réussi à m'expliquer la raison de leur rupture. Lily n'en sait rien et elle n'a pas trop envie d'en parler. J'ai bien envie de sonder du côté de Nataniel mais j'ai peur que Lily ne se vexe que je prenne cette initiative... vous en pensez quoi ?
Bon, je vais me remettre au travail ! J'ai des exercices de runes, on entre enfin dans le vif du sujet : les invocations !!!! Pour l'instant, on s'en tient à la théorie, et à des esprits mineurs... mais j'ai hâte d'en apprendre plus.
Je vous embrasse fort. Je vous aime à la folie !
Dory.
P. S. Je n'ai pas retrouvé de Chocogrenouilles à la fraise, mais si la confiserie en a la prochaine fois, je vous ferai un colis complet. Je sais que vous adorez ça !
La jeune fille relut sa lettre et, s'estimant satisfaite, la roula pour la sceller à la cire. Elle faillit se brûler au contact du feu et, un peu trop réchauffée, décida d'aller s'aérer à la volière pour poster sa lettre. Elle rangea rapidement ses affaires, prit son manteau dans le dortoir, puis se mit en route, la missive glissée entre son pull et son trench en laine. En chemin, elle enroula sa longue écharpe rouge et or autour de son cou, faisant remonter le serpent de laine jusqu'au dessus de son nez. Hors de question de laisser le froid l'atteindre !
Dorcas sortit de la salle commune des Gryffondors, saluant la grosse dame au passage, plus par habitude qu'autre chose il fallait bien l'avouer. La jeune fille se dirigea d'un pas enthousiaste vers la volière, qui n'était pas si loin de la Tour des lions, un avantage non négligeable. Elle ricanait souvent, en imaginant les Serpentards monter les sept étages pour envoyer leur courrier personnel... cela avait quelque chose d'éminemment satisfaisant !
Dorcas tourna sur la droite, les mains dans les poches, la démarche sautillante. Elle ouvrit la porte de la volière, puis la referma derrière elle pour éviter les courants d'air. L'atmosphère était glaciale ici ! Malgré ce qui lui restait de chaleur dans les membres, la Gryffondor frissonna. Son souffle formait une vapeur blanche devant elle, qui montait les marches à pas rapides, tant pour garder sa chaleur que pour raccourcir au plus vite cette visite glaciale dans le domaine des hiboux. Le bruit de ses pas résonnait en échos déformés sur les murs de l'escalier en colimaçon. Le son dégringolait les marches tandis qu'elle les grimpait.
Dorcas parvint en haut, le bout du nez glacé sous la laine. Moins d'une minute, même pas au-dehors, et elle trouvait déjà le froid glacial, trop coupant pour son petit confort ! A moins que ce ne fut parce qu'elle avait passé les trois dernières heures à lézarder devant un bon feu... le contraste était saisissant, et ce, dans tous les sens du terme. Son regard tomba sur un Serdaigle, d'après l'écharpe bleue et le blason sur la cape. Sans même regarder son visage, la jeune fille marmonna : "Bonjour..."
Elle n'avait pas envie d'épiloguer dans ce froid, l'autre le comprendrait bien, tout de même. Vite, vite ! Elle sortit les mains du chaud refuge de ses poches, et siffla doucement un hibou grand duc que ses parents affectionnaient tout particulièrement. Au signal familier, l'animal s'ébroua au fond de sa niche de pierre pour signaler sa présence. Dorcas tendit le bras, et d'un coup d'aile, il vint de poser sur son poignet droit. Il pesait lourd, mais qu'est-ce qu'il était beau ! La jeune fille sortit la missive et la passa dans la bague attachée à la patte du volatile. Les serres, puissantes mais délicates, se contractèrent à ce mouvement, mais l'animal se laissa faire, habitué à ce genre de traitements.
"Londres, Monsieur et Madames Meadowes. Tu connais l'endroit !"
Elle lui fit une caresse, l'animal pencha la tête, comme pour approuver, puis s'envola aussitôt hors de la volière ouverte aux quatre vents, lequel sifflait la chanson de l'hiver aux oreiles de la jeune fille. Il portait des flocons de neige léger, qui se posaient avec la légèreté d'étoiles évanescentes sur le lainage rouge et or. Dorcas loucha un instant sur ce spectacle, avant qu'ils ne fondent, avant que de se tourner pour retourner au chaud. Cependant, son regard accrocha un autre regard, brillant de larmes retenues, écarquillé par l'horreur, qui tentait désespérément de cacher une détresse bien trop puissante pour cela. C'était le Serdaigle, qui n'avait pas bougé. Pourquoi restait-il ici ? Avait-il cherché à s'isoler ?
Il avait un visage doux, mais ses traits étaient durcis par la douleur qu'il contenait. Ses yeux étaient beaux, mais rendus tristes par les larmes qu'ils retenaient. Les paupières, aux longs cils presque féminins, lourds de remords, battaient la cadence de son malheur. Ses lèvres, fines et bien dessinées, s'ouvraient sur un cri inaudible. Dorcas ignorait quelle tempête de pensées s'agitait dans son esprit, mais il devait s'agir de quelque chose de grave. Très grave.
Quoiqu'en disent certaines mauvaises langues, Dorcas n'avait pas pour habitude de se mêler des affaires des autres, à moins qu'ils ne l'y invitent, auquel cas elle était toujours ravie d'aider son prochain. Cependant, sa conscience lui souffla de demander : "Ça ne va pas ? Tu... tu ne veux pas descendre ? Tu risque d'attraper froid à rester ici sans bouger."
Libre à l'autre - un certain Louverie, Louveteau... ah, Louvière ! - de répondre ce qu'il voulait, que ce soit pour discuter ou la congédier. Elle ne souhaitait pas s'imposer, mais il semblait tellement abattu, il était si pâle, et ses mains qui tremblaient, serrant une lettre froissée par l'angoisse et détrempée par les larmes ! Dorcas se douta bien que la missive avait dû provoquer son abattement, et son cœur se serra pour lui. Elle le connaissait peu, mais sa douleur l'atteignait quand même. De toute manière, qui n'aurait pas été touché par une détresse si alarmante ? Si évidente ?
Dorcas, elle, se sentait terrassée par celle-ci. Toute chaleur l'avait définitivement quittée, et le vent, et le froid, et la neige n'étaient pas les seuls en cause. Elle se mordit les lèvres, ayant peur de la réaction du jeune homme. Elle n'osait plus rien ajouter, soudain, dans le silence qui les séparait. S'il avait été l'un de ses amis, elle l'aurait pris dans ses bras, l'aurait serré fort, sans que la parole fut nécessaire. Le contact humain avait plus de pouvoir que les mots dans ces moments-là, elle était bien placée pour le savoir. Mais là, c'était différent... ses sourcils s'arquèrent dans une expression de compassion.
Le spectacle de la souffrance, qu'elle fusse physique ou psychologique, lui était purement et simplement insupportable.
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Leroy se demanda qui pouvait bien affronter le froid de l’hiver pour monter jusqu’à la volière et il obtint rapidement sa réponse : une Gryffondor, d’après la couleur de son écharpe, apparut bientôt dans l’encadrement de la porte, emmitouflée jusqu’aux yeux pour faire face aux rigueurs de la saison. Il neigeait toujours et les flocons virevoltaient derrière les ouvertures par lesquelles s’envolaient les hiboux. Il ne savait pas s’il la connaissait et de toute façon, cela lui était indifférent. Le garçon aurait préféré rester seul pour s’abandonner plus longtemps à sa peine et pleurer tout son saoul…il ne voulait pas que d’autres le voient dans cet état. Leroy de Louvière, le Serdaigle solitaire, parfois si fier, en train de pleurer. Cela aurait valu son poids de Chocogrenouilles.
Mais désormais, il se moquait de ce que l’on pourrait penser de lui. Plus rien n’avait d’importance. Pourquoi le sort s’acharnait-il ainsi ? Qu’avait-il donc fait pour que les malheurs ne cessent de s’accumuler, par sa faute en plus, alors qu’il voulait seulement échapper à l’emprise de son père et vivre. Vivre…le mot en devenait risible maintenant. Vivre, avec le sang qui lui couvrait les mains ? Vivre, alors que son existence avait coûté la vie à cinq personnes ? Vivre…mais pour quoi ? Sa propre vie ne valait pas les leurs ; il aurait tout donné pour eux, pour les remercier de ce qu’ils avaient fait pour lui. Elle était belle, sa reconnaissance ! Il n’avait fait que gâcher leur bonheur, avec son père. Lui et son père….Leroy avait toujours voulu croire qu’ils étaient différents l’un de l’autre, il se détachait autant que possible des pensées de son père. Et finalement, il ne valait pas mieux que lui. A quoi servait d’essayer de faire le bien, si c’était pour échouer à chaque fois ? Certes, ce n’était pas lui qui avait tué dans les faits mais il avait mené son père chez eux, c’était lui qui lui avait fourni l’occasion de tuer, et cela le rendait tout autant responsable. Louvière, il était, Louvière il semblait condamné à demeurer. Condamné, de même, à marcher dans les traces de son père, malgré toutes ses tentatives pour y échapper… Que n’aurait-il donné pour naître ailleurs, avoir des parents comme les autres, des parents moldus pourquoi pas, avec qui rire et se disputer de temps en temps et pour qui ces histoires de sang n’auraient rien signifié. Des parents dans les bras desquels se jeter lorsqu’un chagrin survenait, des parents qui vous consoleraient et vous serreraient fort contre eux…
Il entendit à peine la salutation de la jeune fille et ne prit pas la peine d’y répondre. Il n’était pas certain de pouvoir empêcher sa voix de trembler. De toute façon, elle avait l’air davantage préoccupée par sa propre lettre et semblait pressée de l’envoyer, ce qui était normal vu le froid qui régnait dans la pièce. Leroy frissonnait sous l’effet du vent mais il savait qu’il n’y avait pas que cela. Lorsque la Gryffondor appela un hibou, il entendit le nom qu’elle donna : « Meadowes »… Il la connaissait un peu finalement. S’il pouvait se fier aux souvenirs qui lui revenaient en cet instant, émergeant du brouillard de son chagrin, son prénom était Dorcas. Ils s’étaient déjà croisés ici ou là, et il en avait surtout entendu parler par ses condisciples qui lisaient Gossip Witch. Il semblait qu’elle y apparaissait souvent, d’après ce qu’il avait entendu, lui-même ne lisant pas cette gazette. Cela ne le concernait pas, la jeune fille faisait bien ce qu’elle voulait de sa vie. Il ne la jugerait pas pour cela ; qui aurait-il été, d’ailleurs, pour se le permettre ?
Pour l’instant, après avoir lâché son hibou, elle regardait le spectacle de la neige. Leroy n’avait toujours pas bougé, incapable de décider s’il valait mieux rester encore là ou descendre retrouver la chaleur du château. Ce fut alors que la Gryffondor se retourna et croisa son regard. Il vit passer dans ses yeux les sentiments qu’elle lisait en lui. Pour une fois, il n’arrivait pas à dissimuler ses pensées. Comment y parvenir d’ailleurs avec ce chagrin qui vous serrait la poitrine tandis que les visages défilaient ? Comment y parvenir quand la main glacée de la responsabilité vous griffe le cœur et menace de vous étrangler? La main de Leroy se crispait sur la lettre tandis qu’il essayait de refouler les larmes qui montaient à nouveau. Il ne devait pas pleurer, pas devant elle. Il fallait qu’il tienne, absolument.
En face de lui, Meadowes lui demanda si quelque chose n’allait pas, s’il ne préférait pas redescendre plutôt que de rester là, où il risquait d’attraper froid. Le vent ne réfrénait pas ses attaques, Leroy le sentait glisser dans sa cape, s’infiltrer dans ses vêtements mais il n’en avait cure. Peu lui importait de tomber malade. Lorsque la Gryffondor termina de parler, il avait de crier que non, ça n’allait vraiment pas, que rien ne pourrait aller bien maintenant. Mais la jeune fille n’était pour rien dans ce qui lui arrivait.
Il s’efforça de lui sourire, mais il eut le sentiment que son sourire devait être bien pâle. Il finit par rompre le silence.
-Merci, c’est gentil de te soucier de moi, mais je suis mieux ici pour le moment… Je t'ai entendue donner l'adresser au hibou...tu écrivais à tes parents? Et non, en effet, ça ne va pas très bien, fit-il avec un geste en direction de la lettre qu’il tenait encore –à quoi bon nier l’évidence ? Il ne ferait croire à personne que tout allait bien- De très… mauvaises nouvelles qui s’ajoutent à d’autres problèmes...enfin, c’est difficile...
Il s’efforçait de garder un ton assez neutre mais la voix lui manqua sur les derniers mots. Il releva les yeux vers elle et surprit la compassion qui se peignait sur son visage. Il avait conscience du triste état dans lequel il se trouvait. En d’autres circonstances, il aurait été touché du fait qu’elle se soucie ainsi de quelqu’un qu’elle ne connaissait guère mais il se rembrunit. Il ne le méritait pas, pas après ce qu’il avait fait.
-Tu ferais mieux de garder ta compassion pour quelqu’un qui la mérite, ce serait préférable.
Mais désormais, il se moquait de ce que l’on pourrait penser de lui. Plus rien n’avait d’importance. Pourquoi le sort s’acharnait-il ainsi ? Qu’avait-il donc fait pour que les malheurs ne cessent de s’accumuler, par sa faute en plus, alors qu’il voulait seulement échapper à l’emprise de son père et vivre. Vivre…le mot en devenait risible maintenant. Vivre, avec le sang qui lui couvrait les mains ? Vivre, alors que son existence avait coûté la vie à cinq personnes ? Vivre…mais pour quoi ? Sa propre vie ne valait pas les leurs ; il aurait tout donné pour eux, pour les remercier de ce qu’ils avaient fait pour lui. Elle était belle, sa reconnaissance ! Il n’avait fait que gâcher leur bonheur, avec son père. Lui et son père….Leroy avait toujours voulu croire qu’ils étaient différents l’un de l’autre, il se détachait autant que possible des pensées de son père. Et finalement, il ne valait pas mieux que lui. A quoi servait d’essayer de faire le bien, si c’était pour échouer à chaque fois ? Certes, ce n’était pas lui qui avait tué dans les faits mais il avait mené son père chez eux, c’était lui qui lui avait fourni l’occasion de tuer, et cela le rendait tout autant responsable. Louvière, il était, Louvière il semblait condamné à demeurer. Condamné, de même, à marcher dans les traces de son père, malgré toutes ses tentatives pour y échapper… Que n’aurait-il donné pour naître ailleurs, avoir des parents comme les autres, des parents moldus pourquoi pas, avec qui rire et se disputer de temps en temps et pour qui ces histoires de sang n’auraient rien signifié. Des parents dans les bras desquels se jeter lorsqu’un chagrin survenait, des parents qui vous consoleraient et vous serreraient fort contre eux…
Il entendit à peine la salutation de la jeune fille et ne prit pas la peine d’y répondre. Il n’était pas certain de pouvoir empêcher sa voix de trembler. De toute façon, elle avait l’air davantage préoccupée par sa propre lettre et semblait pressée de l’envoyer, ce qui était normal vu le froid qui régnait dans la pièce. Leroy frissonnait sous l’effet du vent mais il savait qu’il n’y avait pas que cela. Lorsque la Gryffondor appela un hibou, il entendit le nom qu’elle donna : « Meadowes »… Il la connaissait un peu finalement. S’il pouvait se fier aux souvenirs qui lui revenaient en cet instant, émergeant du brouillard de son chagrin, son prénom était Dorcas. Ils s’étaient déjà croisés ici ou là, et il en avait surtout entendu parler par ses condisciples qui lisaient Gossip Witch. Il semblait qu’elle y apparaissait souvent, d’après ce qu’il avait entendu, lui-même ne lisant pas cette gazette. Cela ne le concernait pas, la jeune fille faisait bien ce qu’elle voulait de sa vie. Il ne la jugerait pas pour cela ; qui aurait-il été, d’ailleurs, pour se le permettre ?
Pour l’instant, après avoir lâché son hibou, elle regardait le spectacle de la neige. Leroy n’avait toujours pas bougé, incapable de décider s’il valait mieux rester encore là ou descendre retrouver la chaleur du château. Ce fut alors que la Gryffondor se retourna et croisa son regard. Il vit passer dans ses yeux les sentiments qu’elle lisait en lui. Pour une fois, il n’arrivait pas à dissimuler ses pensées. Comment y parvenir d’ailleurs avec ce chagrin qui vous serrait la poitrine tandis que les visages défilaient ? Comment y parvenir quand la main glacée de la responsabilité vous griffe le cœur et menace de vous étrangler? La main de Leroy se crispait sur la lettre tandis qu’il essayait de refouler les larmes qui montaient à nouveau. Il ne devait pas pleurer, pas devant elle. Il fallait qu’il tienne, absolument.
En face de lui, Meadowes lui demanda si quelque chose n’allait pas, s’il ne préférait pas redescendre plutôt que de rester là, où il risquait d’attraper froid. Le vent ne réfrénait pas ses attaques, Leroy le sentait glisser dans sa cape, s’infiltrer dans ses vêtements mais il n’en avait cure. Peu lui importait de tomber malade. Lorsque la Gryffondor termina de parler, il avait de crier que non, ça n’allait vraiment pas, que rien ne pourrait aller bien maintenant. Mais la jeune fille n’était pour rien dans ce qui lui arrivait.
Il s’efforça de lui sourire, mais il eut le sentiment que son sourire devait être bien pâle. Il finit par rompre le silence.
-Merci, c’est gentil de te soucier de moi, mais je suis mieux ici pour le moment… Je t'ai entendue donner l'adresser au hibou...tu écrivais à tes parents? Et non, en effet, ça ne va pas très bien, fit-il avec un geste en direction de la lettre qu’il tenait encore –à quoi bon nier l’évidence ? Il ne ferait croire à personne que tout allait bien- De très… mauvaises nouvelles qui s’ajoutent à d’autres problèmes...enfin, c’est difficile...
Il s’efforçait de garder un ton assez neutre mais la voix lui manqua sur les derniers mots. Il releva les yeux vers elle et surprit la compassion qui se peignait sur son visage. Il avait conscience du triste état dans lequel il se trouvait. En d’autres circonstances, il aurait été touché du fait qu’elle se soucie ainsi de quelqu’un qu’elle ne connaissait guère mais il se rembrunit. Il ne le méritait pas, pas après ce qu’il avait fait.
-Tu ferais mieux de garder ta compassion pour quelqu’un qui la mérite, ce serait préférable.
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Un bref instant, le Serdaigle voulut préserver les apparences et faire mine de s'intéresser aux affaires de Dorcas. Il dit d'une voix mal maîtrisée : "Je t'ai entendue donner l'adresser au hibou...tu écrivais à tes parents?"
La bouche de la jeune fille s'entrouvrait à peine sur un "oui" inaudible que, déjà, il craquait et poursuivait, monologuant car, dans la cage de son chagrin, rien ne l'atteignait et il n'y avait pas de place pour deux : "Et non, en effet, ça ne va pas très bien..." Il eut un geste quasi inconscient, vers la lettre froissée, et Dorcas se demanda quels mots avaient bien pu provoquer un tel émoi. Elle fronça les sourcils, ce qui lui donnait toujours l'air d'être en colère, mais en ce moment précis, elle était surtout inquiète. Elle n'avait même pas un début d'idée sur la conduite à tenir dans ce genre de situations.
Le jeune homme continua à monologuer pendant quelques secondes puis se tut. Dorcas fit un pas en avant, prête à parler, mais aucun mot ne venait, aucune parole réconfortante ne parvenait à se former dans sa tête. Elle se sentait d'une telle impuissance qu'elle avait envie de se donner des baffes. Réconforter un presque inconnu aurait dû être plus facile que de réconforter un ami ! Pourtant, force était de constater qu'elle s'illustrait bien mieux dans la seconde catégorie que la première. Le Serdaigle releva les yeux vers elle, des yeux qui débordaient de tristesse et de larmes. Dorcas cilla, émue par contagion, elle aussi toute triste, mélancolique, pour une raison qu'elle ignorait pourtant. Il allait falloir qu'elle travaille sur son empathie, ou, un jour, lorsqu'elle deviendrait auror et combattrait sur le terrain, elle se mettrait à pleurer pour son ennemi...
"Tu ferais mieux de garder ta compassion pour quelqu’un qui la mérite, ce serait préférable."
Dorcas se figea et, lentement, releva la tête. Sa figure était recouverte d'un masque de surprise. Les mots qu'il avait employés étaient très dur, mais c'était surtout l'intonation utilisée qui l'avait pétrifiée d'horreur : pouvait-on à ce point être dégoûté de soi-même ? Pouvait-on réellement se mépriser autant, jusqu'à juger qu'on ne méritait ni compassion ni pitié ? Les lèvres pulpeuses de Dorcas s'incurvèrent dans un pli fâché, son opinion divergeant largement : à ses yeux, même si l'on pouvait penser l'être, nul ne pouvait tomber aussi bas. Aucun acte, pas même le pire, ne pouvait rendre un homme indigne de toute compassion.
Puisqu'il semblait moins triste qu'en colère contre lui même, désormais, elle s'engouffra dans la brèche, dans le but avoué de l'agrandir. Elle s'y prit de la manière suivante, d'une voix neutre et sans compassion, si tant est qu'elle eût pu réussir ce prodige - car Dorcas ne parvenait guère à cacher ses émotions, le passé l'avait bien prouvé : "Tu as fait quoi ?"
Une question, toute simple. Pas besoin d'en dire plus ; Louvière, tout à sa colère, se chargerait certainement de s'épancher auprès d'elle. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure. Ne faisait-elle pas encore une bêtise ? Elle avait la tendance incontrôlable de se mêler de ce qui ne la regardait pas...
La bouche de la jeune fille s'entrouvrait à peine sur un "oui" inaudible que, déjà, il craquait et poursuivait, monologuant car, dans la cage de son chagrin, rien ne l'atteignait et il n'y avait pas de place pour deux : "Et non, en effet, ça ne va pas très bien..." Il eut un geste quasi inconscient, vers la lettre froissée, et Dorcas se demanda quels mots avaient bien pu provoquer un tel émoi. Elle fronça les sourcils, ce qui lui donnait toujours l'air d'être en colère, mais en ce moment précis, elle était surtout inquiète. Elle n'avait même pas un début d'idée sur la conduite à tenir dans ce genre de situations.
Le jeune homme continua à monologuer pendant quelques secondes puis se tut. Dorcas fit un pas en avant, prête à parler, mais aucun mot ne venait, aucune parole réconfortante ne parvenait à se former dans sa tête. Elle se sentait d'une telle impuissance qu'elle avait envie de se donner des baffes. Réconforter un presque inconnu aurait dû être plus facile que de réconforter un ami ! Pourtant, force était de constater qu'elle s'illustrait bien mieux dans la seconde catégorie que la première. Le Serdaigle releva les yeux vers elle, des yeux qui débordaient de tristesse et de larmes. Dorcas cilla, émue par contagion, elle aussi toute triste, mélancolique, pour une raison qu'elle ignorait pourtant. Il allait falloir qu'elle travaille sur son empathie, ou, un jour, lorsqu'elle deviendrait auror et combattrait sur le terrain, elle se mettrait à pleurer pour son ennemi...
"Tu ferais mieux de garder ta compassion pour quelqu’un qui la mérite, ce serait préférable."
Dorcas se figea et, lentement, releva la tête. Sa figure était recouverte d'un masque de surprise. Les mots qu'il avait employés étaient très dur, mais c'était surtout l'intonation utilisée qui l'avait pétrifiée d'horreur : pouvait-on à ce point être dégoûté de soi-même ? Pouvait-on réellement se mépriser autant, jusqu'à juger qu'on ne méritait ni compassion ni pitié ? Les lèvres pulpeuses de Dorcas s'incurvèrent dans un pli fâché, son opinion divergeant largement : à ses yeux, même si l'on pouvait penser l'être, nul ne pouvait tomber aussi bas. Aucun acte, pas même le pire, ne pouvait rendre un homme indigne de toute compassion.
Puisqu'il semblait moins triste qu'en colère contre lui même, désormais, elle s'engouffra dans la brèche, dans le but avoué de l'agrandir. Elle s'y prit de la manière suivante, d'une voix neutre et sans compassion, si tant est qu'elle eût pu réussir ce prodige - car Dorcas ne parvenait guère à cacher ses émotions, le passé l'avait bien prouvé : "Tu as fait quoi ?"
Une question, toute simple. Pas besoin d'en dire plus ; Louvière, tout à sa colère, se chargerait certainement de s'épancher auprès d'elle. La jeune fille se mordit la lèvre inférieure. Ne faisait-elle pas encore une bêtise ? Elle avait la tendance incontrôlable de se mêler de ce qui ne la regardait pas...
Dernière édition par Dorcas Meadowes le Sam 11 Fév - 18:52, édité 1 fois
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Leroy pensait chacun des mots prononcés lorsqu’il avait vu l’émotion qui s’emparait de la Gryffondor et il vit la surprise qui se peignit sur le visage de Meadowes. Elle paraissait horrifiée par ses mots, comme si elle ne pouvait admettre qu’on puisse avoir une telle idée de soi-même. Ailleurs ou pour quelqu’un d’autre, il aurait sans doute été d’accord mais, pour l’heure, tout le poids de la culpabilité qu’il ressentait pesait sur ses épaules. La jeune fille en face de lui paraissait même quelque peu fâchée.
Il n’en avait que faire. Il savait ce qu’il avait fait, ce qu’il avait provoqué. Comment aurait-il pu se le pardonner ? Ils étaient si heureux, tous… et ils représentaient une bonne part de ce qu’il souhaitait voir dans le monde : un Moldu, une sorcière et des enfants ouverts aux deux mondes, même s’ils n’appartenaient qu’à un seul d’entre eux. C’était pour eux aussi qu’il avait voulu se battre, pour les remercier en aidant un tant soit peu, à la mesure de ses moyens, à bâtir un monde où la paix régnerait… Quelle utopie ! De son bel idéal, il ne restait plus grand-chose. Leroy n’avait fait que tout briser et il se détestait pour cela. Tout aurait été évité s’il était resté chez lui. Il se serait perdu lui-même, sans doute, il n’aurait pas pu résister seul aux sollicitations des Mangemorts. Cela n’aurait eu aucune importance si cela avait pu sauver cette famille…mais maintenant, il ne valait pas mieux que ceux qu’il avait mis tant d’acharnement à fuir. Autant qu’il se détestait lui-même, il haïssait les Mangemorts, son père, Voldemort pour tout ce que leur folie entraînait.
La voix de Meadowes le tira de ses pensées : « Tu as fait quoi ? ».
Elle avait tenté de dissimuler toute trace de compassion et y avait réussi en grande partie. Les mots de la Gryffondor réussirent là où la compassion et la pitié n’auraient conduit le garçon qu’à se replier sur lui-même et à fuir. Elle lui offrait la présence et la neutralité dont il avait besoin pour accepter de se confier un peu, en étant présente tout en gardant une certaine distance. La simplicité même de la question ouvrait une brèche qu’il n’avait plus qu’à remplir… Le pouvait-il vraiment ? Pouvait-il entraîner une presque inconnue dans ses problèmes, lui faire partager son chagrin et sa colère ?
Néanmoins, il ne se sentait pas capable de rester seul en cet instant. Il cherchait la solitude en temps normal mais, dans certaines circonstances, elle aussi devenait un poids et Leroy comprenait qu’il n’aurait pas la force de tenir son chagrin s’il n’acceptait pas d’abord d’en livrer une partie, de le concrétiser en mots.
Il hésita un instant sur sa réponse, mais il n’était pas capable pour l’instant d’atténuer la chose, de diminuer l’ampleur de son chagrin et de sa colère. Il était encore trop bouleversé, trop choqué. Il aurait peut-être pu se contenter des simples faits : des amis morts de la main des Mangemorts ; l’idée de minimiser son rôle ne lui vint même pas à l’esprit. Cela n’aurait été qu’une nouvelle trahison, une autre fuite.
Il vit Meadowes se mordre les lèvres, comme si elle regrettait sa question, mais les mots s’échappèrent avec violence.
-Ce que j’ai fait ? Rendre le bien qu’on m’a fait par le mal… Une famille m’a aidé à un moment où j’en avais besoin… et à présent, à cause de ça, ils sont tous morts, par ma faute ! Je les aimais et je les ai tués !
Son éclat avait effarouché les hiboux qui quittèrent leur perchoir mais il n’en avait cure.
-Voldemort, les Mangemorts… C’est à cause d’eux que tout ça arrive, je les déteste…je ne voulais pas…Et maintenant, je suis devenu comme eux ! Ils sont morts à cause de moi…
Il tremblait presque, de colère et de désespoir, et ses paroles commençaient à devenir incohérentes. Il finit par se taire, se demandant comment allait réagir la Gryffondor. Il pensa un instant à s’excuser mais cela lui paraissait dérisoire désormais.
Il n’en avait que faire. Il savait ce qu’il avait fait, ce qu’il avait provoqué. Comment aurait-il pu se le pardonner ? Ils étaient si heureux, tous… et ils représentaient une bonne part de ce qu’il souhaitait voir dans le monde : un Moldu, une sorcière et des enfants ouverts aux deux mondes, même s’ils n’appartenaient qu’à un seul d’entre eux. C’était pour eux aussi qu’il avait voulu se battre, pour les remercier en aidant un tant soit peu, à la mesure de ses moyens, à bâtir un monde où la paix régnerait… Quelle utopie ! De son bel idéal, il ne restait plus grand-chose. Leroy n’avait fait que tout briser et il se détestait pour cela. Tout aurait été évité s’il était resté chez lui. Il se serait perdu lui-même, sans doute, il n’aurait pas pu résister seul aux sollicitations des Mangemorts. Cela n’aurait eu aucune importance si cela avait pu sauver cette famille…mais maintenant, il ne valait pas mieux que ceux qu’il avait mis tant d’acharnement à fuir. Autant qu’il se détestait lui-même, il haïssait les Mangemorts, son père, Voldemort pour tout ce que leur folie entraînait.
La voix de Meadowes le tira de ses pensées : « Tu as fait quoi ? ».
Elle avait tenté de dissimuler toute trace de compassion et y avait réussi en grande partie. Les mots de la Gryffondor réussirent là où la compassion et la pitié n’auraient conduit le garçon qu’à se replier sur lui-même et à fuir. Elle lui offrait la présence et la neutralité dont il avait besoin pour accepter de se confier un peu, en étant présente tout en gardant une certaine distance. La simplicité même de la question ouvrait une brèche qu’il n’avait plus qu’à remplir… Le pouvait-il vraiment ? Pouvait-il entraîner une presque inconnue dans ses problèmes, lui faire partager son chagrin et sa colère ?
Néanmoins, il ne se sentait pas capable de rester seul en cet instant. Il cherchait la solitude en temps normal mais, dans certaines circonstances, elle aussi devenait un poids et Leroy comprenait qu’il n’aurait pas la force de tenir son chagrin s’il n’acceptait pas d’abord d’en livrer une partie, de le concrétiser en mots.
Il hésita un instant sur sa réponse, mais il n’était pas capable pour l’instant d’atténuer la chose, de diminuer l’ampleur de son chagrin et de sa colère. Il était encore trop bouleversé, trop choqué. Il aurait peut-être pu se contenter des simples faits : des amis morts de la main des Mangemorts ; l’idée de minimiser son rôle ne lui vint même pas à l’esprit. Cela n’aurait été qu’une nouvelle trahison, une autre fuite.
Il vit Meadowes se mordre les lèvres, comme si elle regrettait sa question, mais les mots s’échappèrent avec violence.
-Ce que j’ai fait ? Rendre le bien qu’on m’a fait par le mal… Une famille m’a aidé à un moment où j’en avais besoin… et à présent, à cause de ça, ils sont tous morts, par ma faute ! Je les aimais et je les ai tués !
Son éclat avait effarouché les hiboux qui quittèrent leur perchoir mais il n’en avait cure.
-Voldemort, les Mangemorts… C’est à cause d’eux que tout ça arrive, je les déteste…je ne voulais pas…Et maintenant, je suis devenu comme eux ! Ils sont morts à cause de moi…
Il tremblait presque, de colère et de désespoir, et ses paroles commençaient à devenir incohérentes. Il finit par se taire, se demandant comment allait réagir la Gryffondor. Il pensa un instant à s’excuser mais cela lui paraissait dérisoire désormais.
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Le jeune homme cracha chaque mot qu'il prononça comme s'ils contenaient un poison mortel : "Ce que j’ai fait ? Rendre le bien qu’on m’a fait par le mal… Une famille m’a aidé à un moment où j’en avais besoin… et à présent, à cause de ça, ils sont tous morts, par ma faute ! Je les aimais et je les ai tués !"
Comment pouvait-on tuer ceux que l'on aimait sans en avoir conscience ? Car de ce qu'elle comprenait, il n'avait pas fait exprès de causer leur mort. Dorcas fronça les sourcils, consciente qu'elle mettait là le doigt dans un sale engrenage. Cette affaire puait la magie noire à plein nez, et elle se demandant pourquoi et comment un gentil Serdaigle comme Louvière avait bien pu se tremper là-dedans. A moins que... il était fils de sorciers, ça, elle le savait, mais sa famille était-elle du bord de Voldemort ?
"Voldemort, les Mangemorts… C’est à cause d’eux que tout ça arrive, je les déteste…je ne voulais pas…Et maintenant, je suis devenu comme eux ! Ils sont morts à cause de moi…"
Elle se pinça à nouveau la lèvre, consciente que la moindre parole maladroite serait considérée comme un reproche, lequel serait amplifié par le sentiment de culpabilité que le jeune homme devait éprouver en ce moment. Les remords... ils allaient le ronger comme de l'acide, lentement, longtemps. Le seul moyen de combattre ce poison toxique était de l'assimiler, de le faire sien, de le digérer.
Que disait le père de Dorcas, déjà ? Ah, oui : "le remord se mâche et se remâche, longtemps, comme un bout de viande trop nerveux, jusqu'à ce qu'on puisse enfin l'avaler sans s'étouffer." L'image était parlante. Mais comment le faire comprendre à Louvière sans qu'il ne rejette l'argument ? Le choc était encore trop récent, la plaie, grande ouverte. Ses bords béaient sur le monde, et la cicatrisation serait longue et douloureuse. Que dire, alors, qui ne semble ni superficiel ni agressif ? Dorcas fit passer son poids du corps sur un pied, puis sur l'autre, et elle se dandina deux trois fois de cette façon avant que d'ouvrir la bouche :
"Tu le dis toi-même, c'est à cause d'eux. C'est eux qui tenaient la baguette magique qui a lancé le sort impardonnable. Pas toi !"
Une bouffée d'inspiration subite lui vint, et elle ne put retenir les mots qui suivirent :
Tu as le droit de te sentir coupable mais, plus encore, tu as le devoir de ne pas te laisser abattre. Pour la mémoire de ces gens que tu aimais tant."
De sa voix la plus sûre, car elle était plus douée pour la répartir cinglante que pour l'éloquence et l'encouragement, elle ajouta : "Relève la tête, regarde-moi !"
Un ordre et un cri, destiné à sortir Louvière de ses balbutiements et de son désespoir. Un peu de violence pouvait, parfois, ne pas faire de mal. Les chouettes s'ébrouèrent et, comme elles aimaient peu le bruit et encore moins les conversations à haut décibels, s'éloignèrent dans un froufrou de plumes et de hululements.
"On nous apprend un truc, chez les lions : le courage, c'est de se regarder en face. Regarde-moi, alors, et laisse moi te dire ce que tu devrais voir chez toi : quelqu'un qui s'est fait avoir par péché d'ignorance. Cela arrive. Une fois. Et cela ne t'arrivera plus si tu fais attention, si tu te bats en mémoire de ces gens que tu as perdus."
Elle se tut soudain, consciente d'avoir peut-être un peu donné dans la grandiloquence... pour qui allait-il la prendre, à lui donner des leçons de courage ? Elle allait encore se prendre une remarque bien placée, et elle l'aurait méritée. Ah, si seulement elle savait quand se la boucler, parfois, ça lui éviterait de nombreuses disputes !
Comment pouvait-on tuer ceux que l'on aimait sans en avoir conscience ? Car de ce qu'elle comprenait, il n'avait pas fait exprès de causer leur mort. Dorcas fronça les sourcils, consciente qu'elle mettait là le doigt dans un sale engrenage. Cette affaire puait la magie noire à plein nez, et elle se demandant pourquoi et comment un gentil Serdaigle comme Louvière avait bien pu se tremper là-dedans. A moins que... il était fils de sorciers, ça, elle le savait, mais sa famille était-elle du bord de Voldemort ?
"Voldemort, les Mangemorts… C’est à cause d’eux que tout ça arrive, je les déteste…je ne voulais pas…Et maintenant, je suis devenu comme eux ! Ils sont morts à cause de moi…"
Elle se pinça à nouveau la lèvre, consciente que la moindre parole maladroite serait considérée comme un reproche, lequel serait amplifié par le sentiment de culpabilité que le jeune homme devait éprouver en ce moment. Les remords... ils allaient le ronger comme de l'acide, lentement, longtemps. Le seul moyen de combattre ce poison toxique était de l'assimiler, de le faire sien, de le digérer.
Que disait le père de Dorcas, déjà ? Ah, oui : "le remord se mâche et se remâche, longtemps, comme un bout de viande trop nerveux, jusqu'à ce qu'on puisse enfin l'avaler sans s'étouffer." L'image était parlante. Mais comment le faire comprendre à Louvière sans qu'il ne rejette l'argument ? Le choc était encore trop récent, la plaie, grande ouverte. Ses bords béaient sur le monde, et la cicatrisation serait longue et douloureuse. Que dire, alors, qui ne semble ni superficiel ni agressif ? Dorcas fit passer son poids du corps sur un pied, puis sur l'autre, et elle se dandina deux trois fois de cette façon avant que d'ouvrir la bouche :
"Tu le dis toi-même, c'est à cause d'eux. C'est eux qui tenaient la baguette magique qui a lancé le sort impardonnable. Pas toi !"
Une bouffée d'inspiration subite lui vint, et elle ne put retenir les mots qui suivirent :
Tu as le droit de te sentir coupable mais, plus encore, tu as le devoir de ne pas te laisser abattre. Pour la mémoire de ces gens que tu aimais tant."
De sa voix la plus sûre, car elle était plus douée pour la répartir cinglante que pour l'éloquence et l'encouragement, elle ajouta : "Relève la tête, regarde-moi !"
Un ordre et un cri, destiné à sortir Louvière de ses balbutiements et de son désespoir. Un peu de violence pouvait, parfois, ne pas faire de mal. Les chouettes s'ébrouèrent et, comme elles aimaient peu le bruit et encore moins les conversations à haut décibels, s'éloignèrent dans un froufrou de plumes et de hululements.
"On nous apprend un truc, chez les lions : le courage, c'est de se regarder en face. Regarde-moi, alors, et laisse moi te dire ce que tu devrais voir chez toi : quelqu'un qui s'est fait avoir par péché d'ignorance. Cela arrive. Une fois. Et cela ne t'arrivera plus si tu fais attention, si tu te bats en mémoire de ces gens que tu as perdus."
Elle se tut soudain, consciente d'avoir peut-être un peu donné dans la grandiloquence... pour qui allait-il la prendre, à lui donner des leçons de courage ? Elle allait encore se prendre une remarque bien placée, et elle l'aurait méritée. Ah, si seulement elle savait quand se la boucler, parfois, ça lui éviterait de nombreuses disputes !
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Leroy n’osait pas regarder Meadowes en face, maintenant qu’il avait avoué en grande partie ce qu’il avait sur le cœur. Comment la Gryffondor allait-elle prendre ses paroles ? À ses propres yeux, il était doublement coupable puisque c’était lui qui avait lancé les Mangemorts sur la piste des Crew, le nom de cette généreuse famille et que c’était son propre père qui les avait tués. Il s’en voulait tellement… si seulement il avait eu le pouvoir de remonter dans le temps, d’effacer le passé…
La Gryffondor semblait hésiter à prendre la parole, elle se mordait les lèvres, cherchant ses mots. Elle se dandina un instant avant de se jeter finalement à l’eau :
"Tu le dis toi-même, c'est à cause d'eux. C'est eux qui tenaient la baguette magique qui a lancé le sort impardonnable. Pas toi !"
-C’est exactement comme si je l’avais fait, répondit-il. Rien ne serait arrivé si je n’avais pas été là, si j’avais pu réfléchir…c’est moi qui ai tout déclenché…je suis responsable de ce qui s’est passé…
Les paroles suivantes de Meadowes répondaient aux siennes. Oh que oui, il se sentait coupable… Mais le devoir de ne pas se laisser abattre ? Quoi qu’il fasse, tout semblait toujours mal tourner ; il en avait assez de se battre seul, pour rien ou pas grand-chose. Alors, oui, le chagrin menaçait de tout emporter, de tout balayer. À quoi bon résister quand rien de bon ne semblait devoir advenir ? Quant à se battre pour la mémoire des Crew…avaient-ils besoin que le responsable de leur mort se charge de les défendre ? Il l’aurait fait en toute autre circonstance, mais maintenant ?
Les paroles suivantes de la Gryffondor : Relève la tête, regarde-moi ! le firent sursauter. Galvanisé par les mots brusques, il obéit, redressant la tête et croisant le regard de Meadowes. Autour d’eux, les chouettes s’ébranlèrent de nouveau, trouvant décidément que ces deux élèves étaient bien agités. Elles s’envolèrent par la fenêtre dans un tourbillon de plumes. Leroy avait l’impression absurde de se retrouver comme un enfant pris en faute. La jeune fille en face de lui ne s’arrêta pas là et continua sur sa lancée, lui donnant la version gryffondorienne du courage…une définition à laquelle il aurait adhéré il y a peu de temps encore.
Il détourna le regard, incapable de soutenir le regard de Meadowes sur l’instant. L’ignorance n’était pas une excuse pour lui, c’était trop facile. Et après tout, que savait vraiment la jeune fille de ce qu’il vivait ? Qu’est-ce qui lui permettait de lui donner ainsi des leçons comme si elle pouvait tout connaître ? La mauvaise foi n’empêchait pas Leroy de reconnaître la vérité contenue dans les paroles de la Gryffondor, mais il n’était pas encore vraiment prêt à l’accepter.
-Heureusement que les lions sont là pour dispenser leur sagesse aux autres ; où irait le monde, sinon ?
Il devenait injuste, Meadowes ne voulait que l’aider.
-L’ignorance n’est pas une excuse…je savais ce dont il était capable, mais je ne pensais pas qu’il chercherait autant à se venger sur des innocents. J’aurais dû le prévoir… Et crois-tu vraiment que ces personnes ont besoin de quelqu’un comme moi pour défendre leur mémoire ?
La Gryffondor semblait hésiter à prendre la parole, elle se mordait les lèvres, cherchant ses mots. Elle se dandina un instant avant de se jeter finalement à l’eau :
"Tu le dis toi-même, c'est à cause d'eux. C'est eux qui tenaient la baguette magique qui a lancé le sort impardonnable. Pas toi !"
-C’est exactement comme si je l’avais fait, répondit-il. Rien ne serait arrivé si je n’avais pas été là, si j’avais pu réfléchir…c’est moi qui ai tout déclenché…je suis responsable de ce qui s’est passé…
Les paroles suivantes de Meadowes répondaient aux siennes. Oh que oui, il se sentait coupable… Mais le devoir de ne pas se laisser abattre ? Quoi qu’il fasse, tout semblait toujours mal tourner ; il en avait assez de se battre seul, pour rien ou pas grand-chose. Alors, oui, le chagrin menaçait de tout emporter, de tout balayer. À quoi bon résister quand rien de bon ne semblait devoir advenir ? Quant à se battre pour la mémoire des Crew…avaient-ils besoin que le responsable de leur mort se charge de les défendre ? Il l’aurait fait en toute autre circonstance, mais maintenant ?
Les paroles suivantes de la Gryffondor : Relève la tête, regarde-moi ! le firent sursauter. Galvanisé par les mots brusques, il obéit, redressant la tête et croisant le regard de Meadowes. Autour d’eux, les chouettes s’ébranlèrent de nouveau, trouvant décidément que ces deux élèves étaient bien agités. Elles s’envolèrent par la fenêtre dans un tourbillon de plumes. Leroy avait l’impression absurde de se retrouver comme un enfant pris en faute. La jeune fille en face de lui ne s’arrêta pas là et continua sur sa lancée, lui donnant la version gryffondorienne du courage…une définition à laquelle il aurait adhéré il y a peu de temps encore.
Il détourna le regard, incapable de soutenir le regard de Meadowes sur l’instant. L’ignorance n’était pas une excuse pour lui, c’était trop facile. Et après tout, que savait vraiment la jeune fille de ce qu’il vivait ? Qu’est-ce qui lui permettait de lui donner ainsi des leçons comme si elle pouvait tout connaître ? La mauvaise foi n’empêchait pas Leroy de reconnaître la vérité contenue dans les paroles de la Gryffondor, mais il n’était pas encore vraiment prêt à l’accepter.
-Heureusement que les lions sont là pour dispenser leur sagesse aux autres ; où irait le monde, sinon ?
Il devenait injuste, Meadowes ne voulait que l’aider.
-L’ignorance n’est pas une excuse…je savais ce dont il était capable, mais je ne pensais pas qu’il chercherait autant à se venger sur des innocents. J’aurais dû le prévoir… Et crois-tu vraiment que ces personnes ont besoin de quelqu’un comme moi pour défendre leur mémoire ?
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
"C’est exactement comme si je l’avais fait, répondit-il. Rien ne serait arrivé si je n’avais pas été là, si j’avais pu réfléchir…c’est moi qui ai tout déclenché…je suis responsable de ce qui s’est passé…"
"FADAISES !" aurait voulu répondre Dorcas, mais Leroy n'y aurait rien entendu. Oh bon sang, qu'elle ne comprenait pas les gens qui s’apitoyaient sur leur sort au lieu de s'acharner à le modifier. On est maître de son propre destin, pas de celui des autres : Leroy allait devoir tirer cette dure leçon, également, de cette expérience douloureuse.
Malheureusement, Dorcas était peut-être allée trop vite dans son discours, ou trop loin, car la réaction qu'elle obtint du Serdaigle fut loin d'être celle escomptée. Oh, aurait-elle été seulement défaitiste, cela n'aurait pas entamé la détermination de la Gryffondor, mais là... il fut volontairement blessant, dans sa tristesse, et son coup fit mouche :
"Heureusement que les lions sont là pour dispenser leur sagesse aux autres ; où irait le monde, sinon ?"
Dorcas se dut, pétrifiée, sans savoir si elle devait exploser de rage ou bien s'en aller sans rien dire. Elle essayait de l'aider, le misérable, et c'était là tout ce qu'il trouvait à lui répondre ? Très bien, qu'il se débrouille tout seul, sans elle ! Que tout le monde se débrouille sans elle, à l'avenir, elle arrêtait d'être gentille ! Elle s'inquiétait pour ses semblables et tout ce qu'elle récoltait, c'était réparties venimeuses et regards vénéneux. Oh comme elle avait envie de le frapper, en cet instant ! Mais ça aurait été vraiment, vraiment malvenu. La Gryffondor se drapa dans sa dignité et, royale, releva le menton en signe de dédain. Son regard, cependant, n'en était pas moins mauvais. Au sein de ses pupilles couleur d'orage, un éclair de colère vint foudroyer Leroy. Elle se retint de ne pas lui adresser un mot aussi blessant que celui qu'il venait de lui dire.
Alors qu'elle s'apprêtait à partir, cependant, Leroy dut s'apercevoir de l'injustice de ses propos, car il tempéra soudain : "L’ignorance n’est pas une excuse…je savais ce dont il était capable, mais je ne pensais pas qu’il chercherait autant à se venger sur des innocents. J’aurais dû le prévoir… Et crois-tu vraiment que ces personnes ont besoin de quelqu’un comme moi pour défendre leur mémoire ?"
L'amertume n'avait pas quitté sa voix, mais celle-ci était devenue plus douce. Dorcas se détendit légèrement, sans pour autant desserrer les lèvres. Sa colère ne s'étant toujours pas apaisée pour autant, elle dit alors en détachant chaque mot l'un de l'autre, comme si elle les pesait un par un :
"Elles sont mortes pour toi, ces personnes. Si tu ne te trouves actuellement pas à la hauteur de leur sacrifice, fais au moins l'effort de t'en rendre digne à l'avenir. Tu ne crois pas ?"
C'était méchant dans la formulation mais, au fond, ce n'était jamais que son idée précédente exprimée autrement. Seulement voilà, si la gentillesse et l'exhortation au courage ne marchaient pas, elle se devait donc de le choquer. Le cri de tout à l'heure, lui ordonnant de lever la tête, avait sembler marcher de manière assez efficace.
Elle pencha la tête pour l'observer sous un nouvel angle. Elle le comprenait, malgré tout : dans certaines situations, parfois, seule la violence d'un cri ou l'apprêté d'un reproche pouvait percer la muraille de regrets que l'on avait élevée autour de soi.
Parfois, seul le mal guérissait le mal.
Le sang appelait le sang.
La vengeance...
NON !
Elle n'allait pas souffler cette idée à Leroy, même pas l'aborder. Si l'idée l'avait déjà effleuré, alors elle faisait bien de le tirer vers la lumière, vers de plus nobles sentiments. Car aussi tentante qu'elle fut, la vengeance ne ramènerait pas les morts à la vie.
Toutefois, si des proches à elle étaient morts de cette manière, elle savait qu'elle-même serait partie en vendetta. Elle n'aurait pas résisté. Elle n'avait pas le cœur assez pur, ni l'esprit assez fort. Elle priait pour que, lui, l'ait.
"FADAISES !" aurait voulu répondre Dorcas, mais Leroy n'y aurait rien entendu. Oh bon sang, qu'elle ne comprenait pas les gens qui s’apitoyaient sur leur sort au lieu de s'acharner à le modifier. On est maître de son propre destin, pas de celui des autres : Leroy allait devoir tirer cette dure leçon, également, de cette expérience douloureuse.
Malheureusement, Dorcas était peut-être allée trop vite dans son discours, ou trop loin, car la réaction qu'elle obtint du Serdaigle fut loin d'être celle escomptée. Oh, aurait-elle été seulement défaitiste, cela n'aurait pas entamé la détermination de la Gryffondor, mais là... il fut volontairement blessant, dans sa tristesse, et son coup fit mouche :
"Heureusement que les lions sont là pour dispenser leur sagesse aux autres ; où irait le monde, sinon ?"
Dorcas se dut, pétrifiée, sans savoir si elle devait exploser de rage ou bien s'en aller sans rien dire. Elle essayait de l'aider, le misérable, et c'était là tout ce qu'il trouvait à lui répondre ? Très bien, qu'il se débrouille tout seul, sans elle ! Que tout le monde se débrouille sans elle, à l'avenir, elle arrêtait d'être gentille ! Elle s'inquiétait pour ses semblables et tout ce qu'elle récoltait, c'était réparties venimeuses et regards vénéneux. Oh comme elle avait envie de le frapper, en cet instant ! Mais ça aurait été vraiment, vraiment malvenu. La Gryffondor se drapa dans sa dignité et, royale, releva le menton en signe de dédain. Son regard, cependant, n'en était pas moins mauvais. Au sein de ses pupilles couleur d'orage, un éclair de colère vint foudroyer Leroy. Elle se retint de ne pas lui adresser un mot aussi blessant que celui qu'il venait de lui dire.
Alors qu'elle s'apprêtait à partir, cependant, Leroy dut s'apercevoir de l'injustice de ses propos, car il tempéra soudain : "L’ignorance n’est pas une excuse…je savais ce dont il était capable, mais je ne pensais pas qu’il chercherait autant à se venger sur des innocents. J’aurais dû le prévoir… Et crois-tu vraiment que ces personnes ont besoin de quelqu’un comme moi pour défendre leur mémoire ?"
L'amertume n'avait pas quitté sa voix, mais celle-ci était devenue plus douce. Dorcas se détendit légèrement, sans pour autant desserrer les lèvres. Sa colère ne s'étant toujours pas apaisée pour autant, elle dit alors en détachant chaque mot l'un de l'autre, comme si elle les pesait un par un :
"Elles sont mortes pour toi, ces personnes. Si tu ne te trouves actuellement pas à la hauteur de leur sacrifice, fais au moins l'effort de t'en rendre digne à l'avenir. Tu ne crois pas ?"
C'était méchant dans la formulation mais, au fond, ce n'était jamais que son idée précédente exprimée autrement. Seulement voilà, si la gentillesse et l'exhortation au courage ne marchaient pas, elle se devait donc de le choquer. Le cri de tout à l'heure, lui ordonnant de lever la tête, avait sembler marcher de manière assez efficace.
Elle pencha la tête pour l'observer sous un nouvel angle. Elle le comprenait, malgré tout : dans certaines situations, parfois, seule la violence d'un cri ou l'apprêté d'un reproche pouvait percer la muraille de regrets que l'on avait élevée autour de soi.
Parfois, seul le mal guérissait le mal.
Le sang appelait le sang.
La vengeance...
NON !
Elle n'allait pas souffler cette idée à Leroy, même pas l'aborder. Si l'idée l'avait déjà effleuré, alors elle faisait bien de le tirer vers la lumière, vers de plus nobles sentiments. Car aussi tentante qu'elle fut, la vengeance ne ramènerait pas les morts à la vie.
Toutefois, si des proches à elle étaient morts de cette manière, elle savait qu'elle-même serait partie en vendetta. Elle n'aurait pas résisté. Elle n'avait pas le cœur assez pur, ni l'esprit assez fort. Elle priait pour que, lui, l'ait.
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
À la réaction de Dorcas, Leroy comprit qu’il était allé trop loin dans ses mots. Elle ne voulait que l’aider et il la rabrouait en essayant de lui faire mal… En temps normal, il n’aurait jamais eu ce genre de réactions, ni ces paroles, à moins d’en vouloir vraiment à la personne qui lui faisait face. Là, il n’avait aucun grief ; la méchanceté avait été purement gratuite, une réaction mauvaise d’orgueil et de mauvaise foi, de défense peut-être, parce qu’il savait qu’elle disait la vérité et qu’il ne voulait pas le reconnaître. La honte l’envahit. Son chagrin ne l’autorisait pas à se montrer désagréable avec le monde entier, encore moins avec quelqu’un comme Meadowes. Il réagissait mal, il devait se reprendre, essayer au moins de ne pas s’enfermer dans ses pensées et ses remords. Dire qu’en temps ordinaire, il n’appréciait guère les gens qui se lamentaient sur leur sort…il s’était toujours battu et il ne comprenait pas qu’on s’avoue vaincu avant même d’avoir vraiment réagi. Comment savoir si on allait perdre si on n’essayait même pas ?
Et que faisait-il lui-même depuis dix minutes, ou plus ?
Le coup avait été dur, plus dur que tout ce qu’il avait connu jusqu’à présent ; était-ce une raison pour renoncer aussitôt, baisser les bras, et donner une double victoire aux Mangemorts ? Son père n’aurait été que trop ravi de le voir réagir ainsi…
Le regard que la jeune fille posa sur lui était empli de colère, ce qui accentua sa gêne et son regret de l’avoir blessée. Il méritait bien qu’elle le frappe, tiens ! Il la sentait sur le point de partir, mais elle se retint.
"Elles sont mortes pour toi, ces personnes. Si tu ne te trouves actuellement pas à la hauteur de leur sacrifice, fais au moins l'effort de t'en rendre digne à l'avenir. Tu ne crois pas ?"
Les mots étaient durs, surtout prononcés ainsi. Détachés, clairs, ils ressortaient d’autant mieux. Mais ils étaient vrais, et il le savait. Cela ne rendait pas les choses plus faciles à accepter pour autant. La conversation et les mots bruts de Dorcas avaient le mérite de lui remettre les idées en place. Se rendre digne de leur sacrifice…mais comment ? L’idée de la vengeance lui revint en tête. Il pouvait partir maintenant, retourner chez lui, affronter son père…et perdre à nouveau ? Ou gagner, poussé par la colère et la vengeance ? Il aurait au moins l’impression de faire quelque chose, plutôt que de rester planté là, à gémir. D’un autre côté, même s’il avait beaucoup progressé depuis deux ans, il était conscient de ses faiblesses et de ses lacunes. S’il partait avec la seule idée de vaincre ou mourir, en quoi se rendrait-il digne du sacrifice de ses amis ? N’était-ce pas plutôt une autre façon de fuir, en se réfugiant derrière l’idée qu’il avait essayé mais que l’autre était plus fort ? Ils avaient perdu la vie pour l’avoir sauvé, ce serait bien mal les remercier que de se jeter à corps perdu dans une telle expédition…Mais cela pouvait aussi être de la lâcheté…
Il hésitait, partagé entre l’envie que tout se finisse d’une façon ou d’une autre et la volonté de s’en sortir, à sa manière, quand le temps serait venu. Et tout faire d’ici là pour se rendre digne de ses amis et, peut-être, un jour, se pardonner un peu.
Leroy releva les yeux vers Dorcas, qui l’observait. Il parla d’un ton plus posé, bien qu’encore amer. Le chagrin était toujours là, profond, immense, mais il ne l’aveuglait plus.
-Si…si, je crois. Et je suppose que la vengeance n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir, n’est-ce pas ?
Envisager d’y renoncer était difficile, il aurait tout donné pour ses amis, sa vie même pour se racheter. Mais il devrait attendre, se battre à sa manière, pour que la paix qu’ils avaient tant appréciée puisse revenir. C’était peut-être la meilleure chose qu’il pouvait faire, quoiqu’il n’en fût guère certain. Ses décisions prenaient rarement le tour qu’il souhaitait. En attendant, il devait des excuses à Dorcas pour son emportement de tout à l’heure.
-Je suis désolé pour ce que je t’ai dit, je ne le pensais pas et je n’aurais pas dû te parler ainsi. C’est juste que…ce n’est pas évident de se battre seul et, du coup, il m’arrive de mal réagir. Mais tu as pleinement raison.
Et que faisait-il lui-même depuis dix minutes, ou plus ?
Le coup avait été dur, plus dur que tout ce qu’il avait connu jusqu’à présent ; était-ce une raison pour renoncer aussitôt, baisser les bras, et donner une double victoire aux Mangemorts ? Son père n’aurait été que trop ravi de le voir réagir ainsi…
Le regard que la jeune fille posa sur lui était empli de colère, ce qui accentua sa gêne et son regret de l’avoir blessée. Il méritait bien qu’elle le frappe, tiens ! Il la sentait sur le point de partir, mais elle se retint.
"Elles sont mortes pour toi, ces personnes. Si tu ne te trouves actuellement pas à la hauteur de leur sacrifice, fais au moins l'effort de t'en rendre digne à l'avenir. Tu ne crois pas ?"
Les mots étaient durs, surtout prononcés ainsi. Détachés, clairs, ils ressortaient d’autant mieux. Mais ils étaient vrais, et il le savait. Cela ne rendait pas les choses plus faciles à accepter pour autant. La conversation et les mots bruts de Dorcas avaient le mérite de lui remettre les idées en place. Se rendre digne de leur sacrifice…mais comment ? L’idée de la vengeance lui revint en tête. Il pouvait partir maintenant, retourner chez lui, affronter son père…et perdre à nouveau ? Ou gagner, poussé par la colère et la vengeance ? Il aurait au moins l’impression de faire quelque chose, plutôt que de rester planté là, à gémir. D’un autre côté, même s’il avait beaucoup progressé depuis deux ans, il était conscient de ses faiblesses et de ses lacunes. S’il partait avec la seule idée de vaincre ou mourir, en quoi se rendrait-il digne du sacrifice de ses amis ? N’était-ce pas plutôt une autre façon de fuir, en se réfugiant derrière l’idée qu’il avait essayé mais que l’autre était plus fort ? Ils avaient perdu la vie pour l’avoir sauvé, ce serait bien mal les remercier que de se jeter à corps perdu dans une telle expédition…Mais cela pouvait aussi être de la lâcheté…
Il hésitait, partagé entre l’envie que tout se finisse d’une façon ou d’une autre et la volonté de s’en sortir, à sa manière, quand le temps serait venu. Et tout faire d’ici là pour se rendre digne de ses amis et, peut-être, un jour, se pardonner un peu.
Leroy releva les yeux vers Dorcas, qui l’observait. Il parla d’un ton plus posé, bien qu’encore amer. Le chagrin était toujours là, profond, immense, mais il ne l’aveuglait plus.
-Si…si, je crois. Et je suppose que la vengeance n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir, n’est-ce pas ?
Envisager d’y renoncer était difficile, il aurait tout donné pour ses amis, sa vie même pour se racheter. Mais il devrait attendre, se battre à sa manière, pour que la paix qu’ils avaient tant appréciée puisse revenir. C’était peut-être la meilleure chose qu’il pouvait faire, quoiqu’il n’en fût guère certain. Ses décisions prenaient rarement le tour qu’il souhaitait. En attendant, il devait des excuses à Dorcas pour son emportement de tout à l’heure.
-Je suis désolé pour ce que je t’ai dit, je ne le pensais pas et je n’aurais pas dû te parler ainsi. C’est juste que…ce n’est pas évident de se battre seul et, du coup, il m’arrive de mal réagir. Mais tu as pleinement raison.
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
Quelques instants de silence s'écoulèrent avant que Leroy ne reprenne la parole. Sa voix tremblait, mais sa résolution semblait plus ferme qu'une minute auparavant. Sans parvenir à en déterminer la raison exacte, Dorcas se sentit soulagée de savoir qu'elle avait participé à cette évolution vers du positif. Même si peu.
"Si…si, je crois." dit Leroy. "Et je suppose que la vengeance n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir, n’est-ce pas ?"
A ces mots, la jeune fille frémit. Ils faisaient écho à ses propres pensées, ses propres doutes, ses propres faiblesses. Mais le Serdaigle paraissait moins enclin à céder à ces pulsions de meurtre, de sang et de ténèbres. Dorcas secoua la tête, répondant par là à la question qu'il lui posait. Elle souffla du bout des lèvres :
"Non, en effet..."
Mais la conviction, au fond, lui manquait. Elle avait l'âme courageuse, que n'avait-elle l'âme chevaleresque jusqu'au bout ! Le chevalier pouvait vite tourner à l'assassin commun, s'il ne se surveillait point. Elle le savait. Combien de fois son père, au dojo familial, en plein centre de Londres, ne le lui avait-il pas répété ? "Tu ne frappes pas pour tuer : tu frappes pour sauver, protéger, sauvegarder".
Se venger, c'était tuer, pas sauver. Il était trop tard, pour sauver, après la vengeance. Ce qui était perdu le restait à jamais. Mais il était assez tôt, encore, pour protéger ce qui restait à l'être.
Dorcas allait le dire à Leroy quand celui-ci reprit, l'air tout contris des propos qu'il avait précédemment tenus : "Je suis désolé pour ce que je t’ai dit, je ne le pensais pas et je n’aurais pas dû te parler ainsi. C’est juste que…ce n’est pas évident de se battre seul et, du coup, il m’arrive de mal réagir. Mais tu as pleinement raison."
D'un caractère habituel emporté, Dorcas se dit qu'il ne méritait pas plus d'affliction et laissa retomber les restes de colère et d'injustice qu'elle ressentait encore en elle. Elle secoua la tête et sourit, avant que de dire : "Ce n'est pas grave. Tu traverses un moment difficile et ta réaction est... normale. Enfin, je trouve. J'ai beau te donner des leçons, tu sais, à ta place je serai encore plus infecte avec tout le monde, y compris mes amis, et je taperai et battrai jusqu'au sang le premier venu qui me chercherait noise."
Le Serdaigle ne devait pas ignorer la réputation de Dorcas : après tout, elle avait beau être une insignifiante fille de moldus, anonyme, elle n'en était pas moins une duelliste redoutée dans Poudlard, et pas pour ses sorts, non ! Pour ses poings. C'était ça qui faisait la différence : d'ailleurs ses ennemis ne manquaient pas de la traiter de Cognard. Ce qu'elle était, au fond.
Elle sourit à nouveau et s'approcha de Leroy. Elle n'osa pas le toucher, lui prendre le bras, poser une main amicale sur son épaule, mais elle lui lança un regard chaleureux et ajouta : "Viens. Laissons la volière aux chouettes. je crois que si on reste encore un peu plus, elles vont finir par nous chasser et ne plus nous laisser revenir, ce serait embêtant !"
Elle rit doucement, et l'air s'échappa en une fumée blanche devant sa bouche dont les lèvres bleuissaient de froid. Bientôt, elles seraient bleu Serdaigle !
"Et puis, il gèle à pierre fendre. On va attraper froid. Si c'est pas déjà fait..."
Une pause. Un autre sourire, moins timide que le précédent, plus amical aussi.
"Viens", répéta-t-elle, et elle se tourna vers les escaliers qui descendaient vers Poudlard, vers le chaud.
"Si…si, je crois." dit Leroy. "Et je suppose que la vengeance n’est pas le meilleur moyen d’y parvenir, n’est-ce pas ?"
A ces mots, la jeune fille frémit. Ils faisaient écho à ses propres pensées, ses propres doutes, ses propres faiblesses. Mais le Serdaigle paraissait moins enclin à céder à ces pulsions de meurtre, de sang et de ténèbres. Dorcas secoua la tête, répondant par là à la question qu'il lui posait. Elle souffla du bout des lèvres :
"Non, en effet..."
Mais la conviction, au fond, lui manquait. Elle avait l'âme courageuse, que n'avait-elle l'âme chevaleresque jusqu'au bout ! Le chevalier pouvait vite tourner à l'assassin commun, s'il ne se surveillait point. Elle le savait. Combien de fois son père, au dojo familial, en plein centre de Londres, ne le lui avait-il pas répété ? "Tu ne frappes pas pour tuer : tu frappes pour sauver, protéger, sauvegarder".
Se venger, c'était tuer, pas sauver. Il était trop tard, pour sauver, après la vengeance. Ce qui était perdu le restait à jamais. Mais il était assez tôt, encore, pour protéger ce qui restait à l'être.
Dorcas allait le dire à Leroy quand celui-ci reprit, l'air tout contris des propos qu'il avait précédemment tenus : "Je suis désolé pour ce que je t’ai dit, je ne le pensais pas et je n’aurais pas dû te parler ainsi. C’est juste que…ce n’est pas évident de se battre seul et, du coup, il m’arrive de mal réagir. Mais tu as pleinement raison."
D'un caractère habituel emporté, Dorcas se dit qu'il ne méritait pas plus d'affliction et laissa retomber les restes de colère et d'injustice qu'elle ressentait encore en elle. Elle secoua la tête et sourit, avant que de dire : "Ce n'est pas grave. Tu traverses un moment difficile et ta réaction est... normale. Enfin, je trouve. J'ai beau te donner des leçons, tu sais, à ta place je serai encore plus infecte avec tout le monde, y compris mes amis, et je taperai et battrai jusqu'au sang le premier venu qui me chercherait noise."
Le Serdaigle ne devait pas ignorer la réputation de Dorcas : après tout, elle avait beau être une insignifiante fille de moldus, anonyme, elle n'en était pas moins une duelliste redoutée dans Poudlard, et pas pour ses sorts, non ! Pour ses poings. C'était ça qui faisait la différence : d'ailleurs ses ennemis ne manquaient pas de la traiter de Cognard. Ce qu'elle était, au fond.
Elle sourit à nouveau et s'approcha de Leroy. Elle n'osa pas le toucher, lui prendre le bras, poser une main amicale sur son épaule, mais elle lui lança un regard chaleureux et ajouta : "Viens. Laissons la volière aux chouettes. je crois que si on reste encore un peu plus, elles vont finir par nous chasser et ne plus nous laisser revenir, ce serait embêtant !"
Elle rit doucement, et l'air s'échappa en une fumée blanche devant sa bouche dont les lèvres bleuissaient de froid. Bientôt, elles seraient bleu Serdaigle !
"Et puis, il gèle à pierre fendre. On va attraper froid. Si c'est pas déjà fait..."
Une pause. Un autre sourire, moins timide que le précédent, plus amical aussi.
"Viens", répéta-t-elle, et elle se tourna vers les escaliers qui descendaient vers Poudlard, vers le chaud.
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
La Gryffondor frémit à ses paroles. Evoquait-il quelque chose en elle ? Il ne pouvait le savoir.
« Non, en effet… », finit-elle par répondre.
Le manque de conviction qui émanait de la voix de Dorcas surprit Leroy. Elle avait prononcé ces mots comme si elle savait que c’était ce qu’il lui fallait dire mais qu’elle n’y croyait pas vraiment. Cela perturba l’assurance, la confirmation qu’il cherchait en posant la question. Gryffondor n’était-il pas la maison des vaillants, des courageux, des vrais chevaliers ? Faisait-il vraiment le bon choix en renonçant à la vengeance? Pourtant, Dorcas ne paraissait pas réprobatrice. Sans doute avait-elle du mal à suivre cette ligne de conduite… Le Serdaigle connaissait le tempérament sanguin de sa condisciple.
-Nous ne sommes pas comme eux, fit-il encore un peu incertain.
L’homme à qui il refusait maintenant de donner le nom de père avait cherché à l’attirer hors de l’école, peut-être, à lui faire de la peine, sans doute. Leroy ne voulait pas entrer dans ce cercle vicieux ; non, il deviendrait Auror comme il l’avait décidé et il y consacrerait tous ses efforts, pour rendre hommage à ses amis.
La jeune fille accepta ses excuses avec un sourire :"Ce n'est pas grave. Tu traverses un moment difficile et ta réaction est... normale. Enfin, je trouve. J'ai beau te donner des leçons, tu sais, à ta place je serai encore plus infecte avec tout le monde, y compris mes amis, et je taperai et battrai jusqu'au sang le premier venu qui me chercherait noise."
Leroy connaissait en effet la réputation de la Gryffondor. Il en avait entendu parler dès leur première année, et n’avait d’abord eu que mépris pour ce genre de réactions. Quand il était plus jeune, son père lui avait interdit de se battre à la façon des moldus, en mettant dans le terme tout le mépris possible, toute la supériorité des sorciers. C’était une honte à ses yeux… Et à l’époque, Leroy suivait encore ses pensées. L’attitude de Dorcas lui avait paru digne de la sang-de-bourbe qu’elle était, dans la droite ligne des jugements à l’emporte-pièce que pouvaient proférer les sang-pur. Maintenant, il en était plus que revenu et c’était heureux. Dorcas avait trouvé de bonnes armes, lui se cherchait encore.
-J’ai tendance à fuir, ce n’est pas vraiment mieux...Merci pour tes leçons, elles sont vraiment venues au bon moment.
Il se tut, embarrassé. Elle avait vraiment beaucoup fait, et il avait eu de la chance qu’elle soit montée à la volière. Seul, il n’aurait pas pu réfléchir, ni tenter de mettre de l’ordre dans ses pensées. La vengeance ou la détresse l’auraient complètement emporté, et il n’en serait rien sorti de bon. Les mots fermes de Dorcas ainsi que sa présence lui avaient permis de recouvrer quelque peu ses esprits même s’il lui faudrait encore longtemps pour se remettre… s’il se remettait jamais. Cependant, il ne savait comment l’exprimer, sans paraître maladroit. Comment lui dire aussi que, si un jour elle avait des ennuis, elle pouvait venir le voir, épargnant ses amis ? Il serait heureux de pouvoir l’aider à son tour.
-Merci, vraiment, répéta-t-il, en essayant de mettre tous ses sentiments dans ce simple mot.
Dorcas s’approcha de nouveau de lui en souriant, proposant qu’ils laissent la volière aux chouettes. Depuis leur arrivée, celles-ci ne cessaient de s’agiter et d’hululer, dérangées dans leur sommeil. Le regard chaleureux de la jeune fille lui fit du bien, il répondit à son rire par un léger sourire. Il prenait aussi conscience du froid qui régnait dans la pièce ouverte à tous les vents. Frileux comme il l’était, c’était déjà surprenant qu’il fût parvenu à l’occulter mais il frissonnait, engourdi : il aurait du mal à échapper à un rhume ou autre. D’un autre côté, quitter la volière, c’était aussi accepter de retourner vers le monde réel, vers l’agitation de l’école, la vie, le bruit, la chaleur…Une perspective qui l’effraya un instant, lui donnant envie de rester encore au calme. De fuir.
Dorcas l’encouragea à venir, souriant maintenant, et le sourire du Serdaigle se fit aussi plus large, plus franc. Sincère.
-J’arrive.
Il la rejoignit au sommet des marches, rangeant la lettre toute froissée au plus profond de sa poche.
« Non, en effet… », finit-elle par répondre.
Le manque de conviction qui émanait de la voix de Dorcas surprit Leroy. Elle avait prononcé ces mots comme si elle savait que c’était ce qu’il lui fallait dire mais qu’elle n’y croyait pas vraiment. Cela perturba l’assurance, la confirmation qu’il cherchait en posant la question. Gryffondor n’était-il pas la maison des vaillants, des courageux, des vrais chevaliers ? Faisait-il vraiment le bon choix en renonçant à la vengeance? Pourtant, Dorcas ne paraissait pas réprobatrice. Sans doute avait-elle du mal à suivre cette ligne de conduite… Le Serdaigle connaissait le tempérament sanguin de sa condisciple.
-Nous ne sommes pas comme eux, fit-il encore un peu incertain.
L’homme à qui il refusait maintenant de donner le nom de père avait cherché à l’attirer hors de l’école, peut-être, à lui faire de la peine, sans doute. Leroy ne voulait pas entrer dans ce cercle vicieux ; non, il deviendrait Auror comme il l’avait décidé et il y consacrerait tous ses efforts, pour rendre hommage à ses amis.
La jeune fille accepta ses excuses avec un sourire :"Ce n'est pas grave. Tu traverses un moment difficile et ta réaction est... normale. Enfin, je trouve. J'ai beau te donner des leçons, tu sais, à ta place je serai encore plus infecte avec tout le monde, y compris mes amis, et je taperai et battrai jusqu'au sang le premier venu qui me chercherait noise."
Leroy connaissait en effet la réputation de la Gryffondor. Il en avait entendu parler dès leur première année, et n’avait d’abord eu que mépris pour ce genre de réactions. Quand il était plus jeune, son père lui avait interdit de se battre à la façon des moldus, en mettant dans le terme tout le mépris possible, toute la supériorité des sorciers. C’était une honte à ses yeux… Et à l’époque, Leroy suivait encore ses pensées. L’attitude de Dorcas lui avait paru digne de la sang-de-bourbe qu’elle était, dans la droite ligne des jugements à l’emporte-pièce que pouvaient proférer les sang-pur. Maintenant, il en était plus que revenu et c’était heureux. Dorcas avait trouvé de bonnes armes, lui se cherchait encore.
-J’ai tendance à fuir, ce n’est pas vraiment mieux...Merci pour tes leçons, elles sont vraiment venues au bon moment.
Il se tut, embarrassé. Elle avait vraiment beaucoup fait, et il avait eu de la chance qu’elle soit montée à la volière. Seul, il n’aurait pas pu réfléchir, ni tenter de mettre de l’ordre dans ses pensées. La vengeance ou la détresse l’auraient complètement emporté, et il n’en serait rien sorti de bon. Les mots fermes de Dorcas ainsi que sa présence lui avaient permis de recouvrer quelque peu ses esprits même s’il lui faudrait encore longtemps pour se remettre… s’il se remettait jamais. Cependant, il ne savait comment l’exprimer, sans paraître maladroit. Comment lui dire aussi que, si un jour elle avait des ennuis, elle pouvait venir le voir, épargnant ses amis ? Il serait heureux de pouvoir l’aider à son tour.
-Merci, vraiment, répéta-t-il, en essayant de mettre tous ses sentiments dans ce simple mot.
Dorcas s’approcha de nouveau de lui en souriant, proposant qu’ils laissent la volière aux chouettes. Depuis leur arrivée, celles-ci ne cessaient de s’agiter et d’hululer, dérangées dans leur sommeil. Le regard chaleureux de la jeune fille lui fit du bien, il répondit à son rire par un léger sourire. Il prenait aussi conscience du froid qui régnait dans la pièce ouverte à tous les vents. Frileux comme il l’était, c’était déjà surprenant qu’il fût parvenu à l’occulter mais il frissonnait, engourdi : il aurait du mal à échapper à un rhume ou autre. D’un autre côté, quitter la volière, c’était aussi accepter de retourner vers le monde réel, vers l’agitation de l’école, la vie, le bruit, la chaleur…Une perspective qui l’effraya un instant, lui donnant envie de rester encore au calme. De fuir.
Dorcas l’encouragea à venir, souriant maintenant, et le sourire du Serdaigle se fit aussi plus large, plus franc. Sincère.
-J’arrive.
Il la rejoignit au sommet des marches, rangeant la lettre toute froissée au plus profond de sa poche.
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
[HJ : RP terminé ? Je pense qu'il influencera beaucoup nos prochains RP en tout cas ]
Re: Noires nouvelles [Dorcas]
[HRP: terminé, je pense. Et je suis bien d'accord pour la suite! À voir quand on se recroisera =) ]
Leroy de Louvière- Messages : 335
Date d'inscription : 16/09/2011
Age : 33
Localisation : Quelque part entre le XVIIème et le XVIIIème
Les Maraudeurs R.P.G :: POUDLARD :: Tours :: La volière
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum